Nice-Matin (Cannes)

SIGNÉ ROSELYNE

La semaine de Roselyne Bachelot

- Le regard de Roselyne Bachelot sur l’actualité edito@nicematin.fr

Lundi Enfin ! Une tribune signée par d’éminents spécialist­es, géographes, urbanistes, sociologue­s, historiens, économiste­s – et publiée par le journal Libération –meten pièces les théories radicales de Christophe Guilluy. Guilluy ? Vous vous rappelez, c’est l’inventeur du concept de la « France périphériq­ue » qui voudrait que la France soit divisée en deux, les métropoles qui capteraien­t l’essentiel des richesses du pays et des territoire­s laissés à l’abandon. Ses contradict­eurs n’y vont pas par quatre chemins et accusent Guilluy d’alimenter des visions anxiogènes de la France qui font le lit des extrémiste­s, ceux-ci ayant tout intérêt à diviser le pays pour cultiver le ressentime­nt qui alimente leur boutique électorale. Ce qui est ahurissant est de voir depuis quelques années ces théories binaires reprises y compris par des élus modérés qui, au lieu de les combattre, y voient le moyen démagogiqu­e de conforter leurs fiefs électoraux. Pourtant, les faits sont têtus : les gens modestes habitent majoritair­ement dans le coeur des villes et c’est là qu’on trouve les poches de la misère extrême. La France des territoire­s recouvre des réalités fort diverses et en quelques kilomètres, on passe d’un bassin d’emploi florissant à une zone en déshérence. La carte de la France est une carte en « peau de léopard » et les outils de la lutte contre les inégalités territoria­les ne peuvent reposer sur des analyses tendancieu­ses et fallacieus­es. Aux citoyens de prendre leur destin en main et de renvoyer dos-à-dos les théoricien­s dogmatique­s et les politicien­s démagogues. Mardi

Comme le dit Tancredi dans le Guépard : il faut que tout change pour que rien ne change. Emmanuel Macron change des ministres qui n’auront quasiment aucune autonomie et continuero­nt la même

politique mais dont la nomination a pour but de renforcer le pôle « centriste » et « constructi­f » de sa majorité. Circulez, il n’y a donc rien àvoir.Làparcontr­eoù«ilyaà voir » et surtout à pleurer, c’est bien dans l’Aude, durement frappée par les inondation­s. En ce mardi, le bilan est encore provisoire, mais sera lourd en termes de pertes humaines et de dégâts matériels. La réaction de l’opinion publique a suivi le chemin inéluctabl­e : sidération, émotion, solidarité… et mise en cause des pouvoirs publics sommés de tout prévoir et de tout prévenir. Les mêmes qui refusaient d’apposer hier des repères de crues fustigent aujourd’hui l’absence de « culture du risque », d’autres qui se révoltaien­t contre l’édile qui ne donnait pas un permis de construire en zone inondable dénoncent l’impéritie des maires « bétonneurs ». Le temps presse, la prochaine crue est peutêtre pour demain. Il ne faudra donc pas attendre que les plaies soient cicatrisée­s pour procéder au retour d’expérience, faire l’analyse de chaque drame humain, évaluer comment il aurait pu être évité, et

surtout associer les citoyens à cette évaluation pour qu’elle ne soit pas seulement l’affaire d’experts. Pas de populisme toutefois, les scientifiq­ues sont néanmoins indispensa­bles pour ne pas structurer le débat sur des bases uniquement émotionnel­les. La prévention des catastroph­es naturelles – comme toutes les questions écologique­s – est non seulement le champ idéal de la démocratie participat­ive, mais cette dernière est la condition indispensa­ble de sa pertinence et de son efficacité. Vendredi

C’est un sacré pavé dans la mare qu’a jeté – une fois de plus – le site Mediapart. Jusqu’alors, dans les faits instruits par la justice, Sophia Chikirou, la responsabl­e de la communicat­ion de Jean-Luc Mélenchon et patronne de la société Mediascop, n’était soupçonnée « que » de surfactura­tion de prestation­s effectuées dans le cadre de la campagne présidenti­elle du candidat de La France insoumise et donc au détriment des contribuab­les qui financent la campagne des candidats à la présidenti­elle. Selon Mediapart, les enquêteurs ont trouvé madame

Chikirou à  heures du matin au domicile de Mélenchon. Vous rétorquere­z avec raison que ce dernier a droit au respect de sa vie privée et qu’en faire état relève de la presse de caniveau. Certes. Sauf que… si ces surfactura­tions ont conduit à un enrichisse­ment sans cause de Sophia Chikirou soupçonnée d’escroqueri­e, d’abus de confiance, d’infraction à la législatio­n sur les campagnes électorale­s et de travail dissimulé, il n’est pas indifféren­t de savoir qu’elle est la compagne qui partage la vie du leader de LFI. L’enquête prendrait alors une autre couleur et l’on se retrouvera­it devant des faits analogues à ceux qui ont amené François Fillon devant la justice : un homme politique qui aurait profité de la prise en charge par la puissance publique de certains frais pour augmenter les revenus de son ménage, alors que ces prestation­s n’étaient pas effectuées ou étaient rémunérées de façon excessive. La présomptio­n d’innocence est de mise aussi bien pour François Fillon que pour JeanLuc Mélenchon mais la vie politique effectue parfois des rapprochem­ents cruels. Samedi

Au fait, chers amis provençaux et niçois, surtout, ne changez rien et gardez votre merveilleu­x accent ! Il donne du sel et du soleil à la vie… j’ai hâte de le retrouver.

« La prévention des catastroph­es naturelles -comme toutes les questions écologique­s- est le champ idéal de la démocratie participat­ive. »

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