Nice-Matin (Cannes)

TROPHÉE DE L’ANCIEN AIGLON Milos Djelmas, un artiste au centre de la piste

- WILLIAM HUMBERSET

Vingt-huit ans après, Milos Djelmas n’a pas changé. Ou si peu. Sa longue chevelure lumineuse, ses yeux azur et son accent “yougo” ravivent cette élégance qui a charmé tout Nice à la fin des années quatre-vingt. Les lacets défaits de ses baskets rappellent sa décontract­ion, ce côté fantasque fantastiqu­e d’un dribbleur déroutant. Les défenseurs avaient du mal à le suivre, les supporters l’adulaient. « Ils étaient à deux mètres du terrain. Derrière nous. Ils poussaient. Ils étaient 20000 à l’époque, mais faisaient autant de bruit que 40 000 aujourd’hui. »

Héros des barrages de ... qu’il a failli manquer !

Le 29 mai 1990, Milos a quitté le Ray comme un roi. Il offre une passe décisive et (Photos OGCNice Médias et archives N-M)

un penalty à Langers ce soirlà. Robby marque quatre fois, Strasbourg perd 6-0 et Nice reste en première division. Un match de légende que le génial Yougoslave a bien failli manquer. Quand Jean-Philippe Rohr n’a pas perçu le nom de Djelmas

dans la compo, il a appelé le président Innocentin­i en furie. « Mus’ El Haddaoui était mon ami. Il m’a dit : “Carlos Bianchi me met sur le banc. Il a reçu l’obligation de faire jouer quelqu’un d’autre.” C’était moi. Je ne sais pas ce qu’a dit Jean-Phi’ à Innocentin­i. Mais je me souviens que le président avait annoncé que si on perdait contre Strasbourg, c’était le dernier match de Bianchi. » Milos a gardé contact avec Roy, Mattio, Kurbos, Rohr, Ricort... « Des amis. On était une famille très soudée, raconte le natif de Belgrade. L’ambiance, c’est 30% minimum de la qualité de l’équipe. On prenait le petit-déjeuner chez Icardo tous les matins, on mangeait après les matchs, on partait en discothèqu­e, on faisait des conneries... Lesquelles? Ah non, je ne te raconterai pas. » (rires) A 58 ans, l’ancien joueur du Partizan vit toujours à Belgrade et scrute les terrains à la recherche de nouveaux talents. Il mange de temps en temps avec son ancien coach Nenad Bjekovic, joue parfois au ballon, serre des pinces et fait des bises à longueur de journée surtout.

«Le football, c’est un spectacle»

« Il a tout chez lui. Il est reconnu de partout, les gens l’adorent. C’est comme le maire là-bas, » explique son ami Yuba, présent lors de la visite du nouveau centre d’entraîneme­nt vendredi, comme Nicolas le fils de Milos... né à Nice en 1989. « Si on avait eu un centre comme ça à notre époque, j’aurais été plus fort encore », plaisante Milos, téléspecta­teur averti des matchs du Gym. Au président Rivère, qui lui exprime son bonheur de le recevoir, Milos clame tout son amour pour Nice. « Je suis content aussi. Parce que ça, c’est dans le coeur. L’argent, il s’en va. Toujours. Mais l’histoire avec le club, ce lien fort entre nous, il reste dans le coeur. Pour toujours. » Djelmas recevra le trophée de l’Ancien Aiglon avant Nice-OM. Il ne croisera ni Di Meco, ni Domergue, ni Amoros, « des adversaire­s très forts qui me donnaient une motivation supplément­aire. J’ai toujours réussi de bons matchs contre Marseille. » Après un tour de piste, l’artiste regagnera les gradins. Et veillera sur la relève. « On joue au football pour les supporters. C’est un spectacle. Pas une partie d’échecs. Ce n’est pas Kasparov contre Bobby Fisher. Saint-Maximin, j’aime son jeu. Il a le numéro 7, celui que je portais. Et j’ai entendu qu’il avait joué à Hanovre... J’ai fini ma carrière là-bas. Alors je l’apprécie encore plus pour ça ! »

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