La galère d’un propriétaire privé de loyers
Possesseur d’un appartement dans le quartier du port, Gaël Main attend désespérément que le jugement d’expulsion rendu au mois de juin contre son occupante indélicate soit exécuté
Beaucoup de propriétaires devraient se reconnaître dans l’histoire qui suit. Parce que, malheureusement, la galère que traversent actuellement Gaël Main et sa compagne Véronique, n’a rien d’un cas isolé. Gaël, qui travaille à Cannes et habite Vallauris, possède un appartement sympa, dans le quartier du port à Antibes. « C’est un deux-trois pièces que nous avons acheté à crédit en 2013, situé au quatrième et dernier étage d’un immeuble d’époque art déco, à l’angle de l’avenue Pasteur et de la rue SadiCarnot. » Un bien sympa que le couple a décidé de mettre à la location pour rembourser les traites qui tombent chaque mois. « Elles se montent à 622 euros par mois, et courent jusqu’en 2022. »
« Je ne me suis pas entouré de garanties »
Dès 2013, ils cherchent donc un occupant avec lequel tout se passe bien et lorsque celui-ci quitte les lieux, en 2015, se mettent en quête de quelqu’un pour le remplacer. « Je suis toujours dans une dynamique sociale quand je loue, dit Gaël. Je sais que les gens n’ont pas tous les moyens d’être en lien avec une agence, généralement très exigeante sur les documents à fournir… » Son choix se porte sur une jeune femme qui a répondu à l’annonce parue sur Le Bon Coin. « Elle avait un travail, vivait avec un compagnon — ce qui est, a priori, toujours le cas — et semblait ne pas être en facilité sociale. » Et le propriétaire le reconnaît : « Quand elle a pris l’appartement, loué 700 euros par mois, je ne me suis pas entouré de garanties. » Aujourd’hui, il s’en mord les doigts. Parce que depuis le mois de mai 2017, sa locataire ne lui a plus versé un euro. « Le motif, c’est qu’elle a perdu son travail. Mais des amis l’ont vue servir dans un restaurant, assez récemment. » Avec le temps, la situation s’envenime. Gaël, ce qui est normal, s’acquitte des charges de son appartement. Mais il subit également certains problèmes récurrents, des dégâts des eaux notamment pour lesquels il doit faire intervenir des plombiers. « Sur l’année 2017, j’ai dû payer 840 euros de rattrapage sur la facture d’eau. » Bref, près de péter les plombs, il décide de faire appel à la justice. Avec, à la clé, un jugement rendu le 26 juin dernier ordonnant l’expulsion de l’occupante indélicate, la résiliation du bail et la restitution des sommes dues… «Ace moment-là, elle me devait 6 300 euros. On en est désormais à quelque 9 000 euros. »
Deux pétitions adressées au maire
Une « ardoise » alourdie par 1 600 euros de frais d’huissier. «Et encore, je n’ai pas pris d’avocat. » Alors, aujourd’hui, Gaël Main peste contre l’Administration. « Après le jugement, la police nationale lui a rendu visite. Puis, le dossier est remonté à la préfecture qui l’a redirigé vers l’ADIL (Agence départementale d’information au logement, Ndlr). Ce qui est fou, c’est que l’on n’a aucune information sur l’évolution des choses. Et quand on est propriétaire et qu’on essaie de récupérer des renseignements, on nous parle comme à des chiens. » Le 4 septembre dernier, un huissier de justice s’est présenté à la porte de l’appartement. La locataire et son compagnon lui ont fait savoir… qu’ils possédaient des animaux et que donc, ils ne pouvaient pas quitter les lieux «Je ne sais plus quoi faire, dit Gaël. D’autant que le fait d’avoir contesté les sommes dues lors de la première audience, lui a permis de gagner du temps. Du coup, la force publique ne pourra agir qu’à partir du 4 novembre, mais on se trouvera alors en période de trêve hivernale. Tout cela est hallucinant. Voilà quelqu’un qui ne paie pas son loyer, qui détériore notre appartement, qui provoque des désordres à l’ordre public et on ne peut rien faire. » En désespoir de cause, le propriétaire est allé haranguer sa locataire sous son balcon, à l’heure du déjeuner. Elle n’a pas bronché, mais la police municipale oui, qui est venue lui demander de se calmer. « Moralement, tout cela nous empêche de dormir. Ma compagne et moi sommes dépités. » Ces jours prochains, deux pétitions arriveront sur le bureau du maire, Jean Leonetti, signées par des voisins et des riverains, agacés du comportement de l’occupante du logement. « Le danger, conclut Gaël Main, c’est que tout cela ne finisse par tourner au fait divers. » Ce qui serait pire que tout…