La feuille de route de Castaner
L’image, qui a tourné en boucle sur tous les réseaux sociaux avant d’être relayée par les principaux médias, est terrifiante. On y voit un lycéen, pistolet sur la tempe d’une enseignante, exiger d’être inscrit sur la liste des élèves présents au cours alors, apprendra-t-on, qu’il y est arrivé en retard. Pire : autour de lui, un autre jeune pose en rigolant devant la caméra du comparse qui, depuis les bancs de la classe, enregistre tout sur son téléphone portable. On ne fait pas un cauchemar : la scène a bien eu lieu, elle s’est passée au lycée Edouard-Branly de Créteil, la semaine dernière. La professeure est restée d’un sang-froid absolu devant le canon du revolver. Une scène presque ordinaire, a-t-elle jugé, puisqu’elle n’en avait pas fait part à ses supérieurs hiérarchiques qui, comme nous tous, ont appris l’affaire par la vidéo diffusée sur la toile. C’est dire à quel point les enseignants ont hélas pris l’habitude, la peur au ventre, d’être confrontés à l’impensable. L’arme du jeune homme, on l’a appris plus tard, était un pistolet à air comprimé. Mais c’était bien assez, on s’en doute, pour terroriser n’importe qui aurait été à la place de la professeure. Et assez pour que le lycéen soit mis en examen dès dimanche. Voilà une tâche, non pas nouvelle, mais essentielle, qui s’ajoute à la feuille de route du nouveau ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, qui, dès dimanche, a décliné sa ligne d’action pour les mois qui viennent. Budget en augmentation, lutte contre le terrorisme et la radicalisation, fermeté sur l’immigration illégale et le contrôle des frontières, notamment du côté de l’Espagne qui doit faire face à une forte immigration venue du Maroc. Mais en réalité, il le sait, c’est la lutte contre la délinquance du quotidien qui est pour les Français la première nécessité. Bien sûr, lorsqu’un attentat terroriste sème la terreur, la frayeur leur fait oublier les incivilités et autres agressions, plus au moins graves, qu’ils connaissent chaque jour. Pourtant, c’est la criminalité quotidienne qui nourrit l’impression d’insécurité ressentie par les citoyens, dans ce qu’on appelle les quartiers et ailleurs. C’est à cette aune, d’abord, que sera jugé le nouveau ministre de l’Intérieur.
« Il le sait, c’est la lutte contre la délinquance du quotidien qui est pour les Français la première nécessité. »