Nice-Matin (Cannes)

LUTTE Khadjiev en salle d’attente

- CHRISTOPHE­R ROUX

Classement : Pts J G N P D B Le palet tape derrière son but et vient se loger entre sa jambière et son poteau droit (3-4, 57’45). Il n’en fallait pas plus pour assommer les Alsaciens… Trente secondes plus tard, Hrehorcak assume son statut de meilleur pointeur azuréen et entérine le redresseme­nt du NHE (3-5, 58’07). Il ronge son frein. Une fois n’est pas coutume, à Budapest, Zelimkhan Khadjiev n’est pas acteur. Le tapis ne vibre pas sous ses pieds. Opéré en juillet de l’épaule, le Niçois doit se résoudre à regarder des tribunes les Mondiaux 2018 (ouverts samedi et qui durent jusqu’à dimanche). En Hongrie, il scrute la concurrenc­e dans l’optique de son retour et soutient les copains de l’équipe de France. « C’est ma première grosse blessure, livre l’Azuréen. Je n’ai pas l’habitude. J’avais le tendon du biceps déchiré et le bourrelet complèteme­nt détruit. Je traînais ces blessures depuis un an et demi. C’est frustrant et bizarre de me retrouver à Budapest, mais je ne voulais pas sortir du groupe France. Je voulais garder l’habitude de vivre les grandes compétitio­ns de l’intérieur. J’ai envie de monter sur le tapis. Ça fait quatre mois que je ne l’ai pas fait. »

« Les deux premiers mois ont été horribles »

Un manque légitime. D’autant plus que le lutteur de 24 ans avait réussi, enfin, à remporter sa première médaille internatio­nale Seniors en mai dernier. En devenant vice-champion d’Europe à Kaspiisk (Russie), l’ex-pensionnai­re du Lutte Club de Nice s’était « enlevé un poids ». Il venait de ranger ses échecs aux Jeux 2016 et aux Mondiaux 2017 à Paris dans la case mauvais souvenirs. Il confirmait son potentiel d’espoir de la lutte tricolore, qui lui colle à la peau depuis son titre mondial Juniors en 2014. Forcément, après avoir cru prendre définitive­ment son envol, se retrouver à nouveau cloué au sol est difficile à vivre. « Les deux premiers mois après l’opération ont été horribles. Je ne pouvais rien faire. Je voyais les Jeux (2020, à Tokyo, ndlr) s’éloigner. Je m’énervais sur tout le monde. J’avais trop d’énergie en moi que je ne pouvais pas dépenser. Je reprends l’entraîneme­nt dans un mois et j’ai retrouvé le sourire depuis que j’ai débuté ma réathlétis­ation. J’ai perdu mes sensations mais je vais les retrouver. Ça ne s’oublie pas. » Pour remonter la pente, Zelim compte sur le travail quotidien effectué avec les kinés de l’Insep, son terrain d’entraîneme­nt. « J’ai neuf mois pour préparer les Mondiaux d’Astana (Kazakhstan) de l’an prochain. Il faudra terminer dans les cinq premiers pour se qualifier directemen­t aux Jeux. » Hier, les 74 kg étaient en piste à Budapest. Et le scénario de la journée a décuplé son appétit. Le champion olympique américain 2012 et du monde 2017, Burroughs, a chuté en quarts. L’Ouzbek et champion d’Asie, Abdurakhmo­nov, au premier tour. L’Italien Marquez, double champion du monde (65 et 70 kg), et le champion d’Europe turc, Demirtas, ont, eux, été éjectés en demies. Un mini-tremblemen­t de terre qui ouvre la voie à la nouvelle génération, incarnée hier par la finale remportée par le Russe Sadigov devant le Géorgien Kentchadze (22 et 21 ans). Des gamins au milieu desquels, Khadjiev entend se faire une place. « Je suis encore plus motivé quand je vois ça. J’ai déjà battu le Géorgien au Tournoi de Paris par le passé », salive celui qui a rejoint Nice à 10 ans avec ses parents, pour fuir la guerre de Tchétchéni­e, sa terre natale. Son retour à la compétitio­n pourrait intervenir début février au Challenge Deglane à Nice. Un joli clin d’oeil du destin pour celui qui a quitté le Lutte Club de Nice fin 2017 pour Saint-Yrieix (HauteVienn­e). Et qui combattrai­t pour la première fois dans sa ville de coeur depuis son départ. Un retour à la maison pour se relancer. Qui dit mieux ?

 ??  ?? A Budapest, le Niçois est venu soutenir les copains et observer la concurrenc­e. (Photo DR)
A Budapest, le Niçois est venu soutenir les copains et observer la concurrenc­e. (Photo DR)

Newspapers in French

Newspapers from France