Nice-Matin (Cannes)

Un refuge pour aider les surdoués

Céline Sasso vient d’ouvrir une antenne de l’AFEP. Elle lève le voile sur les difficulté­s rencontrée­s par certaines familles souvent désemparée­s

- PROPOS RECUEILLIS PAR M.-C. A. mabalain@nicematin.fr

La galère, les incompréhe­nsions, le sentiment d’être isolée... Pour offrir à son fils aîné, détecté à Haut Potentiel Intellectu­el, une éducation adaptée, Céline Sasso a vécu un parcours cauchemard­esque. Ces enfants « différents » n’entrent pas dans le moule de l’école publique. Rien, ou si peu, n’est fait pour eux, pourtant si intelligen­ts mais hypersensi­bles. Pour aider des familles souvent désemparée­s, la jeune maman, épaulée par quelques volontaire­s, vient de créer une antenne locale de l’Associatio­n française pour les enfants précoces (Afep).

Les clichés sur les surdoués ont la vie dure ?

On m’a dit un jour « avoir un enfant surdoué est une chance ». La majorité des gens ont l’image souvent véhiculée par les médias du petit génie, pour qui tout va. Or, la réalité est toute autre. En parler, c’est pointer une défaillanc­e de notre système public éducatif. Si pour certains tout se passe bien, de nombreux enfants intellectu­ellement précoces ont en souffrance car ils ne bénéficien­t pas d’un apprentiss­age adapté. Mon fils a été harcelé, frappé par d’autres enfants à l’école.

La réalité ?

Quelques statistiqu­es tirées de l’étude de la psychologu­e clinicienn­e Jeanne Siaud-Facchin « Aider l’enfant en difficulté scolaire » : , % de la population générale, soit environ   enfants scolarisés sont surdoués ;  % redoublent ;  % s’arrêtent avant le bac et parmi les bacheliers,  % font des études médiocres... En ,  %des adolescent­s hospitalis­és en psychiatri­e à l’hôpital de la Timone étaient surdoués.

La France a un retard abyssal, dans la prise en compte des surdoués ?

On en est au stade de la prise de conscience et aucun programme adapté n’a été mis en oeuvre : c’est ce qui a été rappelé lors d’un colloque internatio­nal à Paris au printemps dernier . Au Pays-Bas, par exemple, ceux qui excellent dans les maths, peuvent suivre cette matière les cours des classes supérieure­s. Aux États-Unis, les surdoués bénéficien­t de plages horaires pour des activités adaptées... Les enfants précoces s’ennuient en l’absence de stimulatio­n intellectu­elle.

Il y a des progrès ?

Des référents ont été nommés dans les Académies. La personne doit faire le lien entre l’école et la famille. Ici, dans les AlpesMarit­imes, c’est tout récent. Il faut attendre, avoir plus de recul.

Tout débute par un test ?

Il faut repérer les enfants précoces plus tôt pour mieux les accompagne­r. Là aussi, c’est compliqué. Les tests de QI devraient avoir lieu chaque année, en France, dans chaque école. Un test chez un psychologu­e coûte environ  euros. Trop cher pour beaucoup de familles, surtout avec plusieurs enfants.

Il y a des écoles spécialisé­es, mais toutes sont privées ?

Voilà. Il faut avoir les moyens de payer des frais de scolarité souvent très importants. C’est injuste. Pourquoi ne pas porter un projet ambitieux : créer une classe dans un établissem­ent public, par secteur. On pourrait commencer par Antibes, avec la proximité de la technopole, c’est important.

Les ambitions de l’associatio­n ?

Nous débutons. Nous avons commencé en juin. J’ai eu la chance de rencontrer des personnes à l’écoute, comme le député Eric Pauget, l’adjoint aux affaires scolaires... Nous avons un local pour organiser une fois par mois, le samedi, une permanence pour rencontrer les parents mais aussi organiser des activités... Cela se passe à la salle de la CroixRouge. Nous avons besoin de bénévoles. Nous recherchon­s aussi des personnes qui accepterai­ent de venir parler de leur métier. Les enfants précoces sont curieux de tout. Ils s’intéressen­t à tout.

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 ??  ?? Céline Sasso, maman d’un enfant intellectu­ellement précoce veut aider les familles confrontée­s à l’absence d’aide. (Photo Sébastien Botella)
Céline Sasso, maman d’un enfant intellectu­ellement précoce veut aider les familles confrontée­s à l’absence d’aide. (Photo Sébastien Botella)

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