Les maires redoutent la mort des communes
Nous sommes les larbins de l’Etat. Ça ne peut plus durer ainsi. » Maire du village de Lieuche, Denise Leiboff est connue pour son franc-parler. Elle dit sans filtre ce que pensent la quasi-totalité des maires ruraux et que résume, de façon un poil plus diplomatique, Honoré Colomas, président de l’Association des maires des Alpes-Maritimes. Ce dernier présidera le 9 novembre, au palais Nikaïa à Nice, une assemblée générale des maires qui s’annonce une nouvelle fois celle de toutes les complaintes. « Nous faisons face à quantité de problèmes et nous aurons, ce jour-là, beaucoup de questions à poser au préfet », a-til exposé hier à l’issue d’une réunion du conseil d’administration de son association.
« Mis au niveau de la populace»
Dans la foulée de l’Appel de Marseille, qui a vu les représentants des associations nationales des régions, des départements et des communes exhorter l’Etat à davantage d’écoute, les maires aspirent à un minimum de respect, eux qui font l’objet d’une campagne de dénigrement sur l’augmentation de la taxe d’habitation, à travers la campagne Balance ton maire, lancée sur les réseaux sociaux par des militants de LREM. «On est mis au niveau de la populace », s’émeut Honoré Colomas qui, outre un peu plus de considération, attend avec ses collègues un certain nombre de clarifications. En premier sur la façon dont sera compensée la suppression de la taxe d’habitation, ce que les maires ne savent toujours pas, alors qu’ils aspirent à une légitime «maîtrise de leurs recettes sur toute la durée du mandat municipal». Encore et toujours, les édiles locaux déplorent la baisse de leur Dotation globale de fonctionnement. « Si elle diminue moins que durant les trois années passées, elle continue malgré tout à baisser, estime Honoré Colomas, à rebours des arguments du gouvernement. De ce fait, la plupart des communes doivent rogner sur des services pour ne pas basculer dans le rouge.» Pêle-mêle, parmi mille et un griefs, les maires pestent également contre le poids des normes, le transfert de la compétence eau et assainissement aux intercommunalités, qui deviendra obligatoire en 2026, la faiblesse du maillage médical, en termes de médecins comme de pharmacies…
« Arrêt de mort »
En filigrane, une inquiétude de plus en plus clairement exprimée : que l’Etat soit en train de signer «l’arrêt de mort » des communes, appelées à être supplantées par les intercommunalités. A tout le moins, Jean-Paul David, président de l’Association départementale des maires ruraux, pointe que «les administrés de la ruralité ne sont pas traités comme ceux des centres urbains» et demande «plus d’équité territoriale». Depuis 2014, une grosse demi-douzaine des 163 maires des Alpes-Maritimes a déjà rendu son tablier, dans des communes rurales.