Comme à la maison
Monaco se rend à Bruges demain pour tenter de remporter un premier succès en Ligue des champions. Une ville qu’il connaît bien pour avoir racheté en mai 2017 le Cercle. Immersion
On s’en souvient comme si c’était hier. Samedi 14 juillet. A Bruges, il faisait doux. Le Monaco de Leonardo Jardim venait de remporter son match amical face à son club filial du Cercle Bruges acquis en mai 2017, et il ne s’imaginait pas retrouver cette ville en octobre pour la Ligue des champions. Encore moins sans son coach portugais. Mais parfois l’histoire fait bien les choses. L’ASM retrouve Bruges mercredi, et Thierry Henry la Belgique. A l’époque, les Diables Rouges venaient de terminer sur le podium du Mondial avec l’ancien buteur d’Arsenal dans le staff, et les Bleus n’étaient pas encore champions. Le soir, en terrasse, ça parlait fort et on ne tardait pas à se faire des amis. - « Vous êtes Français ? » -Nous: «Oui» - « Alors la tournée de Ricard, c’est pour moi. C’est la fête nationale !» Et voilà que le jaune commençait à couler dans la nuit noire. « J’ai un restaurant (“PoulesMoules”, dont on devine très vite la spécialité) et je supporte le Cercle évidemment », lance Philippe encore solide sur ses appuis. « Grâce à Monaco, on est respecté en Belgique, on nous jalouse même, parce qu’on a trouvé un investisseur intelligent. On n’a pas que de l’argent, on a un projet ». Fin du gobelet. Début de l’histoire. En mai 2017, l’AS Monaco rachetait le Cercle Bruges alors en deuxième division pour y développer un partenariat inédit. « Nos 70 actionnaires qui sont tous des supporters ont voté à l’unanimité pour Monaco », se souvient Frans Schotte, président du Cercle depuis 15 ans, comblé par ce mariage « gagnantgagnant ». « En Belgique, il y a 24 équipes pros réparties en deux divisions. Tout le monde cherche de l’argent, raconte-t-il. Il y a des investisseurs chinois, des Turcs, des Sud-Coréens etc. Mais quand une personne se contente de mettre de l’argent sans projet, ce n’est pas bon. Ça ne dure pas. Si nous avions choisi le PSG, les supporters et actionnaires n’auraient pas été contents ». Pour Monaco, l’intérêt est simple : se servir du Cercle Bruges comme d’une deuxième équipe réserve, évoluant à un niveau plus élevé que la sienne en N2. La direction russe n’a pas choisi la Belgique par hasard. Le nombre de joueurs extracommunautaires dans une équipe est illimité au sein de la Jupiler League, quand il est restreint à 4 en France. Dans son optique de débusquer les pépites internationales de demain, peu importe le continent, un camp de base en Belgique revêt donc un intérêt tout particulier. En échange, le Cercle Bruges s’appuie sur la connaissance et le savoir-faire de l’AS Monaco en matière de formation. Et sur une certaine stabilité. Laurent Guyot, formateur passé par Nantes, a été recruté cet été pour coacher l’équipe et les jeunes pousses de l’ASM parties en prêt : Nardi (24 ans), Nguinda (22 ans), Etienne (21 ans), Appin (20 ans), Tormin (20 ans), Cardona (21 ans), Alioui (19 ans), Lopez (19 ans) et Bongiovanni (19 ans). La marche était pour eux trop haute à Monaco, et ils ont donc choisi de s’exiler en Belgique pour se développer. En arrivant en 2017, les dirigeants monégasques avaient débauché du Losc François Vitali, pour l’installer en tant que directeur sportif. Vitali et Michael Emenalo échangent régulièrement sur la politique sportive des deux clubs. Toutes les six semaines, Vadim Vasilyev, vice-président de l’ASM, assiste au conseil d’administration pour y développer les différentes stratégies. Avec près de 120 000 habitants, la capitale de la Flandre-Occidentale dispose d’un stade que le FC Bruges et le Cercle se partagent. A l’image de Turin en Italie où le Torino est le club historique et la Juve celui de tout un pays, le FC Bruges est très populaire. Plus qu’Anderlecht ou le Standard. Mais demain, dans le centre-ville de la Venise du Nord, les Monégasques se sentiront comme chez eux. Soutenus comme des frères par les fans du Cercle.
Grâce à Monaco, on est respecté ”