LA ROUTE DU BORD DE MER EST-ELLE MENACÉE ?
La piste cyclable et les deux voies de circulation restantes entre Antibes et Villeneuve sont elles aussi menacées par l’érosion et les coups de mer qui bloquent parfois la circulation
Entre Antibes et Villeneuve-Loubet, le littoral ne cesse de rétrécir. Outre la plage qui a perdu beaucoup de sa surface au cours des dernières années, la bande cyclable et les deux voies de circulation reliant les deux communes sont attaquées par l’érosion et les coups de mer.
Il y a quelques années, il y avait trois voies et des places de stationnement côté mer. Aujourd’hui, il ne reste plus que deux voies. Et depuis le coup de mer de fin septembre, les places de stationnement ont disparu en plusieurs endroits. Comment sauver la route littorale entre Marina baie des Anges, à Villeneuve-Loubet, et le Fort Carré, à Antibes, un des endroits de la côte azuréenne les plus érodés ? Et que va devenir la voie ferrée ? C’est l’une des questions posées lors de l’atelier sur l’érosion littorale organisé récemment à Villeneuve-Loubet par l’association France nature environnement 06. Le conseil départemental compte beaucoup sur le rideau de bambous testé depuis février à Villeneuve. Mais suffira-t-il ? Retour sur plusieurs décennies d’idées.
- : projet de port
Dans les années 1980-1990, il y a eu un projet d’extension du port d’Antibes jusqu’à la Brague. Il a été abandonné. « Il y aurait eu un plan d’eau mort et plus de plage. En plus, c’est un site protégé : le Fort Carré est classé, il y a Natura 2000, un site du Conservatoire du littoral… et un cordon de cymodocées [plantes marines sous protection] », explique Didier Laurent, chargé de projets environnement au service Mer et littoral de la ville d’Antibes.
Projet de brise-lames
Au début des années 2000, un brise-lames et un réaménagement massif avaient été étudiés par le département et la DDE mais le coût était évalué à 25 millions d’euros. Au contraire des épis, les brise-lames sont parallèles à la côte. Ils peuvent être sous-marins.
Abandon des «boudins»
« Avant, on construisait du dur. Aujourd’hui, on s’inspire de la nature », résume Didier Laurent. Le Département avait ainsi envisagé un boudin géotextile, une sorte de brise-lames immergé souple en forme de ‘‘chaussette’’ contenant les mêmes sédiments que sur la plage. « Malheureusement, à cet endroit-là, on n’a pas les sédiments nécessaires, au contraire de Cannes, où il y a du sable », regrette Claire Poisson, chef du service Études et travaux neufs du conseil départemental.
Un projet en
En 2012, un projet à 5 millions d’euros de la société varoise Océanide prévoyait une digue, un engraissement de la plage et des murets poreux (Nice-Matin du 11 février 2012). Le chantier devait commencer en 2014. Il n’a jamais eu lieu. « Pour des raisons de financement », explique Marie Benassayag, vice-présidente du conseil départemental et première adjointe au maire de Villeneuve.
Rideau de bambous
S’inspirer de la nature, c’est aussi ce que le conseil départemental teste actuellement avec le rideau sous-marin de bambous. Ce dispositif particulier a été posé à 100 mètres du rivage, au large de la commune de Villeneuve-Loubet (lire ci-contre).
La route sur une digue
Une solution serait de refaire la route sur une digue. «Mais cela ne protégerait pas la plage », souligne Marie Benassayag.
Laisser la mer avancer
« Quand on ne peut pas lutter contre la mer, on peut aussi lui laisser le terrain. Sur les côtes atlantiques, ils adoptent de plus en plus souvent une solution de repli stratégique », ajoute Didier Laurent. Mais il y a moins d’espace ici que là-bas. Si l’on ferme la route du bord de mer où transférer la circulation ? «Pas possible d’engorger encore Villeneuve-Loubet », s’exclame Marie Benassayag. Peut-on élargir l’ex-RN7 ? « Des emplacements réservés avaient été prévus par l’État, mais ils ont été grignotés », observe Claire Poisson.
Le coût
Le coût des travaux est important. Qui va le payer ? La RD6098 «est une route départementale hors agglomération et donc du ressort exclusif du conseil départemental», et non des communes, rappelle le maire de Villeneuve-Loubet, Lionnel Luca. Le domaine public maritime et la plage dépendent, eux, de l’État. « Ils se renvoient la balle », déploraient déjà des spécialistes en 2009 dans Nice-Matin. Une décision politique permettra-t-elle une solution pérenne? En attendant, «le littoral est sous surveillance constante et un point d’étape est effectué tous les ans sur le sujet » ,assure Marie Benassayag. Mais inexorablement, la mer poursuit son travail de sape, de jour en jour.