Nice-Matin (Cannes)

Notre chercheuse qui le vaut bien

Fanny Orlhac, en poste à l’Inria, primée par la Fondation L’Oréal-Unesco pour ses travaux sur l’imagerie médicale et l’intelligen­ce artificiel­le

- MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

Mine de rien, derrière tout ça, y’a une histoire de chocolat. « Je voulais être danseuse mais j’aimais trop ça pour m’en priver ! Alors j’ai pris une autre voie », s’amuse Fanny Orlhac qui, désormais, voue son énergie à la santé de tous. Distinguée il y a quelques jours par le prix Pour les Femmes et la Science de la Fondation L’OréalUnesc­o (voir encadré), pour ses travaux d’excellence sur l’imagerie médicale et l’intelligen­ce artificiel­le, la chercheuse n’en revient toujours pas. Oui, elle fait bien partie des trente récipienda­ires de cette prestigieu­se bourse de recherche. Oui, son dossier a séduit un jury à l’oeil aiguisé. Oui, elle a failli défaillir en apprenant la nouvelle : « J’étais chez moi, mon téléphone sonne : je décroche et j’entends la dame au bout du fil se présenter. J’ai tout de suite compris. Heureuseme­nt que j’étais juste à côté de mon canapé parce que mes jambes ont tout de suite lâché ! »

Trois modèles féminins

Et au-delà des 20 000 euros remportés, la native de Pontoise dans le Val-d’Oise a vécu une expérience hors du commun. Bénéfician­t d’un programme de formation sur-mesure allant de sessions de média training au shooting photo, la scientifiq­ue de 29 ans a touché du doigt un univers radicaleme­nt différent : « On va dire que je n’arrive pas dans mon bureau tous les matins après être passée entre les mains d’un coiffeur, d’un maquilleur… » Son quotidien depuis un an? OEuvrer au sein de l’Inria (Institut national de recherche en informatiq­ue et en automatiqu­e) à Sophia Antipolis. La post-doctorante habitant Vallauris- olfe-Juan le reconnaît : son parcours, son déclic, elle le doit à trois femmes. La première ? Celle qui lui a fait délaisser les mathématiq­ues. «Je n’aimais que ça à l’école ! C’est au collège, en quatrième, que ma prof de physique-chimie m’a fait comprendre que la physique pouvait être super-cool!» Banco. Elle est mordue. Ce qui la fait pencher pour la recherche ? « Pendant ma licence j’ai eu la chance qu’une chercheuse m’accueille dans son laboratoir­e. Elle m’a donné envie de m’engager dans cette voie. » Et enfin, sa directrice de thèse guide également ses choix. Trois figures dont elle parle avec beaucoup de respect, trois expérience­s qui lui ont donné le goût d’aller plus loin, trois modèles qui l’ont menée jusqu’ici. À représente­r la place des femmes dans la science : «Nous sommes en pleine réflexion avec les autres lauréates du prix pour créer un moyen de rendre plus accessible l’informatio­n aux plus jeunes : qu’elles en sachent davantage sur les métiers scientifiq­ues pour s’y réaliser.» Et briser également un bon paquet de clichés.

Dose d’adrénaline

Parmi lesquels… «Ah non, je ne suis pas en blouse à faire des manips toute la journée! » Et si elle a choisi de consacrer son temps à l’imagerie médicale, c’est d’abord par émerveille­ment. D’ailleurs, quand elle ne parle pas, un grand sourire se flanque sur son visage: «C’est magique de ne pas être obligée d’ouvrir les patients pour avoir une idée de la situation interne ! » Se retroussan­t les manches pour amener le secteur à gravir de nouvelles marches, elle se dit « hypermotiv­ée » de penser aux patients de demain qui pourront être soignés grâce

Si à ces avancées. Et l’avenir, justement, elle le voit comment ? « Dans l’idéal je souhaitera­is « bien évidemment être titularisé­e, histoire de ne plus enchaîner les contrats à durée déterminée, mais aussi pour pouvoir travailler avec une équipe du début à la fin, tout voir, tout maîtriser… » Du genre à toujours laisser quelque chose sur le feu, la scientifiq­ue garde plusieurs projets en tête, avec des deadlines pour rendre des articles au milieu. La dose d’adrénaline qui lui est nécessaire sur son bureau où les petits tas de documents s’empilent joyeusemen­t. Pour faire face à tout ça, pas le choix : il faut s’organiser. Pour Fanny Orlhac ça passe par la liste de choses à faire. Entre son clavier et son écran d’ordinateur, celle du moment, des petits points formant une suite de tâches à accomplir. Avec au coeur une grande mission: oeuvrer pour un monde meilleur.

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(Photos Eric Ottino)

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