Nice-Matin (Cannes)

« L’apocalypse est vraiment l’idée centrale de la pièce »

Antonin Chalon livre sa première mise en scène, samedi soir, à Anthéa, avec un huis clos entre deux personnage­s qui se découvrent dans des conditions de fin du monde

- PROPOS RECUEILLIS PAR JÉRÉMY TOMATIS jtomatis@nicematin.fr

After the end, de l’auteur anglais Dennis Kelly, est la première mise en scène d’Antonin Chalon et la première production de la compagnie de Zabou Breitman, samedi soir à Anthéa. Le comédien met en scène Mark et Louise, qui ne se connaissen­t que de vue mais se retrouvent confinés ensemble dans un bunker antiatomiq­ue après une attaque terroriste nucléaire. C’est alors que commencent leurs rapports sociaux tendus, le tout sur fond d’apocalypse…

Il s’agit donc d’un huis clos, dans un bunker antiatomiq­ue, après une attaque terroriste…

C’est une pièce qui traite avant tout des rapports entre deux personnes, qui se retrouvent enfermées ensemble. Et comment ces rapports de force s’opposent. Après, en second plan, il y a évidemment l’influence des médias, la menace terroriste… Mais le point de départ, c’est une catastroph­e nucléaire après une attaque terroriste. Marc sauve Louise de cette attaque et la ramène dans un abri antiatomiq­ue qu’il a dans son jardin. Ils vont devoir se débrouille­r pour survivre, et faire des compromis sur beaucoup de choses. Ils vont devoir apprendre à vivre ensemble.

Marc est paranoïaqu­e pour avoir un abri antiatomiq­ue dans son jardin, non ?

C’est ce qu’on apprend un peu à découvrir au fur et à mesure que les personnage­s se dévoilent. On comprend qu’il a une tendance maniaque et parano. Et en même temps, comme il le dit, il avait raison et cet abri lui sert bien. Mais c’est un personnage qui est un petit peu décalé, en marge. Il n’est pas à l’aise socialemen­t.

Marc et Louise apprennent à se connaître dans des conditions de survie dantesques…

Ils se connaissen­t mais peu. Louise est une fille très populaire. Elle a beaucoup d’amis et aime faire la fête. Elle est justement très à l’aise socialemen­t. Marc peut traîner dans les mêmes endroits et avoir des connaissan­ces en commun. Ils se retrouvent donc parfois dans les mêmes soirées mais lui est beaucoup moins populaire. Lui la connaît mieux qu’elle le connaît…

Forcément, les rapports ne sont pas du tout les mêmes que dans la vie de tous les jours…

Tout va plus vite. Quan”d on est enfermés  heures/ et  jours/, même pendant deux jours, avec une personne que l’on ne connaît pas, je pense qu’on finit par la connaître peut-être mieux que son entourage. Les tensions ne sont pas les mêmes. Il y a la peur de cet environnem­ent devenu extrême. Tout ça fait que les choses se dévoilent différemme­nt.

La peur, justement, c’est le seul moteur de la survie, non ?

Je pense qu’il y a plusieurs étapes. Avant la peur, il y a l’incompréhe­nsion. On se sent perdu. Puis il y a la peur, la colère et le soulagemen­t. Le rire, aussi, devient par la force des choses une échappatoi­re. À travers toute cette histoire plutôt sombre qui, en fait, ne l’est pas tant que ça, rire permet d’exprimer des choses que l’on a gardées en soi. L’auteur, Dennis Kelly, est très fort pour ça. Il conserve son humour anglais qui est à toutes épreuves. C’est important et encore plus dans ce genre de situation. Il faut, aussi, ne pas faire d’amalgame et ne pas céder à la haine à cause de la peur. Il ne faut pas se laisser aveugler par la peur. La question c’est : comment survivre physiqueme­nt mais également psychologi­quement à un tel événement.

L’apocalypse est un sujet qui a beaucoup été traité, notamment dans la littératur­e…

L’apocalypse est vraiment le thème l’idée centrale de la pièce. Plutôt que le terrorisme en luimême, d’ailleurs. Et puis derrière, il y a l’influence des médias. L’imaginaire de Marc a été influencé par les médias. Pour lui, la fiction dépasse la réalité. Ses fantasmes ont déjà été traduits par les médias avant même l’attaque terroriste.

Ce sont les médias qui ont façonné l’image que Marc se fait de la fin du monde ?

Toutes les images qu’il a vues, les informatio­ns qu’il a entendues, ont déteint sur son esprit, peutêtre un peu plus fragile que chez d’autres personnes.

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