Lait en poudre contaminé: Lactalis dément tout manquement
Après le lait infantile, les desserts? Accusé par le Canard Enchaîné et une association de victimes d’avoir écoulé 8 000 tonnes de lait en poudre potentiellement contaminé, Lactalis s’est défendu, hier, de tout manquement, moins d’un an après un scandale de contamination à la salmonelle. Au coeur de la tourmente : l’usine de Craon (Mayenne) dont les produits pour enfants avaient rendu 53 enfants malades de la salmonellose, fin 2017.
« Des accusations sans fondement »
Selon le Canard Enchaîné paru hier qui s’appuie sur des documents de la préfecture de la Mayenne, 8 000 tonnes de lait en poudre sortant de la même usine se sont retrouvées en vente après le scandale, dans des flans industriels et des desserts, notamment. « Alors que tous les produits infantiles fabriqués à l’usine de Craon depuis avril 2017 ont été retirés et rappelés de la vente, suspectés d’être contaminés aux salmonelles, la poudre de lait fabriquée dans la même usine à la même période et destinée aux préparations industrielles (glaces, pâtisseries, etc.) a été écoulée sans encombre et sans que quiconque chez Lactalis ne vienne à s’interroger sur sa salubrité », a dénoncé de son côté l’Association des familles victimes du lait contaminé à la salmonelle (AFVLCS). Mais Lactalis l’assure : les 8 000 tonnes ne proviennent pas de la même tour de séchage que les laits infantiles responsables de la salmonellose. Ces laits en poudre pour adultes ont été fabriqués dans « la tour 2 non objet de la contamination et conditionnées sur un circuit d’ensachage indépendant », affirme le groupe dans un communiqué. Le groupe qui « condamne fermement » des « accusations sans fondement », dans son communiqué, souligne que le phénomène de contamination a « toujours été limité à la tour 1 ».
Benjamin Griveaux hausse le ton
L’entreprise Lactalis sera « sévèrement sanctionnée » si elle a fraudé, car «iln’y a aucune place pour l’approximation quand il s’agit de la santé des Français », a averti le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, lors de son compte rendu du Conseil des ministres. En décembre, lorsque le scandale de la contamination avait éclaté, l’État avait imposé le rappel des laits infantiles sortis de la tour de séchage numéro 1 de l’usine de Craon. Dans la tour numéro 2, les laits infantiles avaient été rappelés par précaution par Lactalis mais pas les poudres pour adulte. le tableau acide d’un « arroseur arrosé », auquel «l’eau sale d’un vieux lavage revient en plein visage». Plutôt que le héraut de ce fameux nouveau monde dont les commentateurs se sont repus, l’auteur constate avec douleur qu’Emmanuel Macron n’est que le dernier avatar d’un système «à bout de souffle, sous assistance respiratoire». On a un peu vite oublié, note-t-il, que « la vraie gagnante de la présidentielle fut d’abord l’abstention », qui a ensuite battu un record au second tour des législatives (, %). Après des débuts marqués par la grâce, le Président a été rattrapé par l’ordinaire du pouvoir depuis des décennies : démission forcée des ministres du Modem, dossier Ferrand… Autant de préfigurations de l’été meurtrier , dont l’affaire Benalla puis les départs de Hulot et de Collomb furent l’acmé. Au Kennedy souriant de la campagne s’est substitué un Président cassant, insupporté par la contradiction. Tout en prenant soin d’éviter la généralité et de trier le bon grain de l’ivraie, Pierre Dumazeau évoque aussi les débuts globalement difficiles de députés néophytes, « les sous-doués à l’Assemblée », victimes au minimum de leur inexpérience, parfois d’un « amateurisme » criant et poussés de surcroît tout près du burn-out par un rythme insoutenable imprimé depuis l’Elysée, à la volonté de contrôle absolu. Tout cela est cuisant, forcément un peu injuste pour un Président qui n’est sans doute ni meilleur ni pire que ses devanciers, mais dont la volonté jupitérienne s’est retournée contre lui pour en faire un monarque hors-sol. Il manque à ce constat implacable une analyse plus profonde du mal qui dévore nos dirigeants, les uns après les autres. Editions du Rocher, 133 pages, 16,90 euros.