Un Français sacré Ballon d’Or ?
Remporter la Coupe du monde ne suffirait donc plus. Marquer en finale, comme l’ont fait Antoine Griezmann et Kylian Mbappé, ne serait qu’anecdotique. Luka Modric a fait des prouesses avec le Real Madrid et la Croatie. Il est un joueur formidable, un pur bonheur pour les esthètes. Ses passes sont géniales, son toucher de balle une marque déposée mais que dire du talent sans limite de Mbappé qui a écrit sa légende, à ans, seulement. Sa performance contre l’Argentine, en huitième de finale d’un Mondial, restera dans le temps comme on se rappelle des exploits de Pelé, Maradona ou Zidane. Rien que ça… Antoine Griezmann fait moins dans le spectaculaire mais mérite tout autant la plus haute distinction individuelle du football. Il a besoin des autres pour exister, mais il le leur rend bien en ne calculant jamais ses efforts. C’est une autre idée du foot, celle de Diego Simeone à l’Atlético Madrid, que « Grizou » a su transporter chez les Bleus. Elle mérite tout autant le respect et les honneurs. Depuis la Russie, Modric, lui, traîne son spleen. Horizon bleu ! Qui récompense-t-on par le Ballon d’Or en fin de compte ? Le joueur le plus doué ou celui qui a gagné le plus beau trophée au cours de la saison ? Fabio Cannavaro (Italie championne du monde ) et Mathias Sammer (Allemagne vainqueur de l’Euro ) ont rappelé les limites de la distinction personnelle au coeur d’un sacre purement collectif. C’étaient de très bons joueurs au milieu d’un excellent effectif. Mais aucun des deux n’avait porté son équipe comme ont pu le faire le Brésilien Ronaldo au PSV Eindhoven (e en ) ou le Frenchie devenu légende à Arsenal, Thierry Henry (e en ). Si Varane, Griezmann et Mbappé sont plébiscités tour à tour selon la sensibilité des observateurs, c’est qu’aucun des trois ne se détache réellement dans ce sacre des Bleus. Est-ce que la Croatie aurait accroché la première finale de Coupe du monde de son histoire sans Modric? Vraisemblablement non. Est-ce que le Real aurait réalisé le premier triplé consécutif de l’histoire de la Ligue des champions sans les buts en matchs de Cristiano Ronaldo ? Absolument pas. Voilà des individualités plus fortes qu’un collectif.