Nice-Matin (Cannes)

La batterie du Graillon va se métamorpho­ser

Extension, grands aquariums, plongée virtuelle... Le site historique de la batterie du Graillon, au cap d’Antibes va se métamorpho­ser et ouvrir toute l’année

- M.-C.A mabalain@nicematin.fr

De l’ouvrage militaire défensif initié par Richelieu puis conforté par Vauban au rôle de vigie pour protéger l’environnem­ent : c’est l’étonnant destin de sentinelle de la batterie du Graillon, posée sur son promontoir­e rocheux au cap d’Antibes. Aujourd’hui propriété du Conservato­ire du littoral, élément du périmètre classé Natura 2000 Baie et Cap d’Antibes-Iles de Lérins, le site est géré par la Ville, via une convention (1). L’imposante tour qui offre un panorama à 380 degrés sur le golfe de Juan, le bâtiment massif situé à l’entrée, la pinède de 2,2 hectares, bordée par quelque 400 mètres linéaires de littoral... cet ensemble, qui accueille depuis 2014 l’espace municipal Mer et littoral, s’apprête à vivre une nouvelle métamorpho­se de taille. À la clé, extension, exposition multimédia, plongée virtuelle au fond des mers, apprentiss­age des paysages... Le projet, ambitieux, en est au stade des études. Mais les grandes lignes sont tracées, comme le précisent Didier Laurent, chef de la direction santé environnem­ent et Jérôme Pizzol, responsabl­e de l’unité qualité milieu marin, tout particuliè­rement en charge du dossier. La volonté est d’ouvrir, à l’année, ce musée atypique et donner ainsi plus d’ampleur à sa vocation pédagogiqu­e : faire connaître au public, et surtout aux plus jeunes, les habitats naturels marins. Le long du rivage et sous la mer. Il s’agit de valoriser pour mieux protéger. Depuis l’ouverture du centre, des exposition­s ont déjà été organisées. Les écoles et les centres de loisirs sont régulièrem­ent reçus pour des parcours et des jeux ludiques et éducatifs. Mais, en septembre, pour l’instant le site ferme ses portes et ne les rouvre qu’à partir de juin.

Réhabilita­tion des bâtiments

Une « Belle au bois dormant » que la Ville compte bien réveiller. Avec des aménagemen­ts et moyens conséquent­s pour créer une véritable scénograph­ie muséale. Cela passe par une réhabilita­tion de l’ensemble des bâtiments. Comme la célèbre tour fortifiée, dont la base a été édifiée sur ordre du cardinal de Richelieu. Ruinée, elle a ensuite été remontée sur ses bases d’origine par Vauban. Cette réhabilita­tion s’effectuera dans les règles de l’art, bien sûr, avec l’agreement de l’Architecte des Bâtiments de France. « C’est surtout la structure à l’intérieur qui va être revue, avec un assainisse­ment global », assure Jérôme Pizzol. Idem pour le bâtiment principal qui fait face à l’entrée depuis la rampe du Graillon. C’est à l’intérieur, passé l’accueil, que sera présentée une exposition permanente représenta­nt les quatre habitats marins du site Natura 2000, dont la vaste prairie d’herbiers de posidonies, les coralligèn­es, écosystème marin complet, etc. Grâce aux outils multimédia­s et la « magie » du numérique, le visiteur sera immergé dans ces milieux.

  litres d’aquariums

Un prélude avant de contempler ces fameux habitats vivants, grâce à de grands aquariums en façade et sur pied. D’un volume global de 10 000 litres, ces aquariums feront l’objet d’une salle dédiée. Et la découverte se fera dans un décor son et lumière. L’immersion n’est pas finie. En sortant du bâtiment principal, direction la tour. Les trois niveaux vont être tout spécialeme­nt aménagés. Au rez-de-chaussée, changement d’élément. La terre ferme fait place à la mer, grâce à une visite virtuelle.

Masques connectés pour découvrir les fonds marins

Au moyen de masques connectés, on pourra plonger et découvrir en images de synthèse, plus vraies que natures, ce fameux habitat sous-marin à la fois si proche, mais inaccessib­le si on ne pratique pas la plongée sous-marine. Au premier niveau, c’est l’histoire, très riche, du site de la batterie du Graillon lui-même qui sera retracée. « Les documents sont nombreux grâce au travail mené par les bénévoles passionnés de l’associatio­n Vauban, explique Didier Laurent. Le passé militaire du lieu est mis en avant, bien sûr. Il y a notamment sa cohérence défensive avec les ouvrages fortifiés de l’île Sainte-Marguerite, les anciennes batteries de Golfe-Juan, etc. Dans les années 1920, le bunker qui est visible dans la pinède abritait un puissant projecteur qui, la nuit, permettait de détecter des sousmarins...» Enfin, depuis le toit terrasse, et après une sécurisati­on de l’accès, des tables d’orientatio­n permettron­t de décrypter plusieurs paysages. Une lecture géographiq­ue, bien sûr. Mais aussi historique et sous-marine. Enfin, la promenade pourra se terminer dans la pinède en empruntant un sentier botanique. C’est là que se trouve le centre de soins pour les tortues marines de la Fondation Marineland. L’été, les plus volontaire­s pourront s’initier à une randonnée en kayak ou en palmes et tuba. Histoire de s’immerger, pour de bon, dans ce patrimoine vivant.

1. Comme le bois de la Garoupe et le parc du Fort Carré.

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(Photo drone Sébastien Botella)

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