Jean-Frédéric Poisson: «Nous vivons la déclinaison d’un plan»
Le président du Parti chrétien-démocrate exhume un document de l’Organisation islamique pour l’éducation, rédigé en novembre 2000, pour alerter sur la stratégie de conquête de l’islam
Président du Parti chrétien-démocrate, Jean-Frédéric Poisson publie aujourd’hui L’islam à la conquête de l’Occident (1), un livre qui décortique Stratégie de l’action culturelle islamique à l’extérieur du monde islamique, un document élaboré en 2000 sous l’égide de l’ISESCO (Organisation islamique pour l’éducation, les sciences, la culture et la communication).
Pour vous, Stratégie est un document de conquête ?
Oui. C’est un manuel pratique de conquête qui vise à la domination de la charia sur l’Europe, à la substitution d’une civilisation islamique à notre civilisation. C’est un document concret qui dresse un inventaire des actions à mener en vue de cet objectif.
Mais ce document exerce-t-il une réelle influence sur les populations musulmanes ?
Il a été préparé en associant de nombreuses personnes qui avaient des responsabilités dans les sociétés occidentales. Il n’y a pas de déconnexion. Les constats dressés demeurent d’une grande actualité. Un certain nombre de préconisations de Stratégie ont même commencé à être mises en oeuvre en France : l’installation de centres culturels et de mosquées, l’enseignement de l’arabe à l’école, la volonté d’entrer dans une logique de partition sur des territoires où la charia devient un modèle de référence. Nous sommes en train de vivre la déclinaison de ce plan.
Le problème, dites-vous, est que « l’appartenance à l’islam transcende toute autorité »…
Les pays occidentaux reposent sur de convictions fortes : la liberté religieuse, l’égalité en dignité et en droit, et la séparation des pouvoirs. Ces trois orientations de principe viennent en collision avec les principes fondateurs de l’islam. Cela explique pour partie la difficulté d’un certain nombre de musulmans à vivre dans le système occidental, où les aspirations spirituelles ont par ailleurs été balayées par le commerce et l’argent. Mon livre est très critique sur ce point envers notre civilisation. Mais je ne me résous pas à ce que nous vivions face à face. Il faut donc permettre aux musulmans français d’exprimer leur détachement par rapport à la volonté politique des états musulmans et leur donner les moyens de formuler leur attachement aux principes qui gouvernent notre vie sociale. Je ne crois à pas à l’idée d’un concordat, mais à une charte signée mosquée par mosquée.
Le gouvernement envisage d’amender la loi de pour rendre les structures musulmanes plus transparentes. Cela va dans votre sens…
Si on toilette la loi, il faut mettre au goût du jour les articles qui portent sur le contrôle des associations cultuelles, sans vouloir organiser un islam de France qui n’est pas envisageable. Aux yeux d’un musulman, tout ce qui est imposé par l’Occident est illégitime. Pour moi, la solution est politique. L’islam est un projet politique, il faut donc le traiter sur un plan politique. Si ce n’était qu’un problème de cantine par-ci, de piscine par-là, il suffirait d’appliquer la loi de manière ponctuelle. Mais nous devons désormais en passer par une détermination sans faille de rappel à l’ordre : pas de menus particuliers dans les cantines, pas de consultations particulières dans les hôpitaux, pas d’horaires réservés dans les piscines…
Vous voulez croire au passage à un islam plus éthique que politique…
La volonté de dialogue, du côté de l’islam, passe par la reconnaissance de l’incomparable valeur de la civilisation islamique et l’abdication de toute volonté d’intégration des musulmans, deux préalables durs à encaisser. Stratégie table sur une faiblesse de l’Occident à affirmer ses valeurs et n’a pas tort. La question est de savoir dans quel monde nous voulons vivre. Si nous continuons à regarder passivement, je ne donne pas une génération pour que ce qui se passe sur certains territoires où domine la charia s’étende. Mais il ne faut pas sous-estimer la volonté des musulmans de France de vivre leur religion de manière éthique. L’islam n’a pas d’autre choix que de réexaminer les fondements de sa doctrine. Cela doit toutefois être rapide, nous n’avons plus le temps d’attendre.