Nice-Matin (Cannes)

Odyssée de l’espèce

- PHILIPPE DUPUY

HIGH LIFE

De Claire Denis (France). Avec Robert Pattinson, Juliette Binoche, André Benjamin. Durée :  h . Genre : Science-fiction. Dans un vaisseau spatial, un homme seul (Robert Pattinson) élève un bébé. Il est le seul rescapé d’un groupe de condamnés à mort qui ont accepté de devenir les cobayes d’une mission spatiale en dehors du système solaire, à la recherche de nouvelles sources d’énergie. Une mission de très longue durée au cours de laquelle le médecin du bord (Juliette Binoche) dirige une expérience de reproducti­on dans l’espace… Dans l’espace, personne n’entend crier… les bébés ! Sauf Robert Pattinson qui pouponne comme s’il avait fait cela toute sa vie. C’est le premier effet Kiss Cool du nouveau film de Claire Denis (Trouble Every Day, White Material, Un Beau soleil intérieur). Le second est d’ordre purement esthétique : depuis Tarkovski (Solaris), on ne filme plus la SF comme le fait Claire Denis. Et c’est bien dommage! Devant son objectif, l’espace interstell­aire ressemble à une prison dont on ne s’évade pas. Une prison flottante, comme ce vaisseau aux airs de cargo spatial qui dérive dans l’espace infini avec son équipage de condamnés à mort dont la peine a été commuée en mission d’intérêt général : trouver de nouvelles sources d’énergie aux confins de la galaxie. Et, accessoire­ment, le moyen de perpétuer l’espèce. En « shamane du sperme » (sic), la toubib de l’équipage (Juliette Binoche, toute en extensions capillaire­s) s’y emploie, entre deux séances en solo dans la sexbox du vaisseau. Vous avez dit bizarre ? Le film l’est assurément, selon les standards de l’époque. La preuve : ni les vaisseaux, ni les combinaiso­ns spatiales ne sont blancs. Et on y communie devant la retransmis­sion (en grand différé) d’un match de rugby écossais… C’est 2018, L’Odyssée de l’espèce ! Mais Claire Denis préfère Tarkovski à Kubrick, ce qui se défend. «Avec Solaris et 2001, on peut voyager assez loin », reconnaît-elle. On pourra désormais ajouter High Life dans son paquetage. Il y avait longtemps qu’on n’avait pas plané aussi haut au cinéma (merci au cinéma de Beaulieu pour l’avant-première). Pas certain d’être redescendu, on recommande le voyage aux âmes aventureus­es. Beaucoup s’y ennuieront : 80 000 jours de voyage dans l’espace, sans combats au sabre laser, ni poursuites en vitesse lumière, ça peut paraître long. A moins de se laisser flotter. La chanson générique des Tinderstic­ks (que chante Robert Pattinson) et la lumière jaune d’Olafur Eliasson dans le dernier plan, récompense­ront les braves. Comment écrit-on chef-d’oeuvre ? On avait presque oublié.

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 ??  ?? Notre avis :
Notre avis :
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