Publicité sur le Carlton : une pratique illégale ?
L’association Paysages de France dénonce la publicité, interdite sur les monuments historiques, qui orne pourtant régulièrement la façade de l’hôtel classé. Elle a porté plainte contre X
Depuis des années, les publicités XXL ornent régulièrement les façades et les abords des hôtels de luxe de la Croisette au fil des congrès et des salons qu’accueille le Palais des festivals. Ce que l’on sait moins, c’est qu’un de ces fleurons historiques, le Carlton, construit en 1911 par les architectes Charles Dalmas et Marcellin Mayère, est classé monument historique depuis 1984. Et que dans ce cadre, toute publicité est strictement proscrite sur sa façade. Dans son article L581-4, le code de l’environnement stipule en effet : « Toute publicité est interdite sur les immeubles classés ou inscrits au titre des monuments historiques. »
« Une vitrine pour le patrimoine, pas pour la publicité »
Pour l’association Paysages de France, la situation n’a que trop duré. Dans un communiqué vif intitulé « pubs sur le Carlton à Cannes : délinquance cinq étoiles », elle dénonce fermement la situation. Un dossier sur lequel elle planche depuis plusieurs mois. En juin, l’association avait alerté le préfet et le maire de Cannes pour qu’ils fassent respecter le droit. En vain. Il y a quelques jours, elle est passée à l’action. « Le 29 octobre, nous avons déposé une plainte contre X auprès du procureur de la République, explique Jean-Pierre Boudry, vice-président de l’association. Et on a de nouveau écrit au maire de Cannes et au préfet des Alpes-Maritimes. » Selon Paysages de France, « on est dans le cadre d’une interdiction absolue d’afficher à laquelle il ne peut être dérogé, même dans le cadre d’un règlement local de publicité. Un monument historique est une vitrine pour le patrimoine, pas pour la publicité !» Le 5 étoiles mythique a même reçu le label « patrimoine du XXe siècle » en application d’une circulaire de 2001. Et le défenseur du joyau cannois de rappeler que « la protection au titre des monuments historiques implique une responsabilité partagée entre les propriétaires et la collectivité nationale au regard de sa conservation et de sa transmission aux générations à venir. »
« Un délit »
Paysages de France insiste, persiste et porte donc plainte. « Nous nous adressons une nouvelle fois au maire et lui demande d’utiliser son pouvoir de police en prenant les arrêtés de mise en demeure qui feront cesser ces infractions. Il s’agit d’un délit pour lequel est prévue une amende qui est passée de 3 750 à 7 500 euros depuis le Grenelle II. » Et d’enfoncer le clou. « La publicité est même interdite dans un rayon de 100 mètres autour du bâtiment historique. Cela, on ne l’a pas dénoncé... »