Nice-Matin (Cannes)

JUDO Korval marque les esprits

Le Francilien avait pris sa retraite l’an dernier, las, après des JO 2016 ratés pour suspension. Invité par la Fédération, le néo-licencié de l’Olympic Judo Nice a signé un retour fracassant

- CHRISTOPHE­R ROUX

Les champions ne meurent jamais. Loïc Korval en est la parfaite illustrati­on. Malgré les coups de la vie qui l’ont marqué au fer rouge, le natif de Nogent-surMarne s’est relevé. Ce week-end, le judoka de 30 ans était invité aux championna­ts de France à la Kindarena de Rouen. Et il a honoré le cadeau comme il se doit, avec un titre de vice-champion de France des moins de 66 kg. Pour le champion d’Europe 2014, 3e des Mondiaux 2010, la performanc­e pourrait passer inaperçue. Sauf que le double champion national (2011, 2013) avait choisi de se retirer des tatamis en 2017. « J’avais l’esprit complèteme­nt déconnecté du haut niveau. J’étais sans envie, sans rêves, écoeuré par ce monde de la compétitio­n. Je ne supportais plus cette négativité autour de moi. J’avais l’impression d’être une image d’Epinal, d’être catalogué dans quelque chose de complèteme­nt ridicule et faux. J’avais en plus l’impression d’être traqué par l’AFLD (Agence française de lutte contre le dopage, ndlr), j’ai senti que je devais aller le plus loin possible de tout ça. »

« C’est inespéré »

L’homme veut se détacher de la réputation « d’enfant terrible du judo français » à l’ego surdimensi­onné qui lui colle à la peau. Il souhaite aussi oublier une suspension de deux ans qui lui a coûté les Jeux en 2016. La conséquenc­e de trois « no-shows » ne permettant pas aux instances de le localiser pour des contrôles antidopage. Il écrit alors son autobiogra­phie (Apprendre à se relever) et officie auprès de la Fédération serbe, en qualité de directeur technique national. Il en profite également pour tourner une série pour Netflix, « Judo - 57 kg (dames) : (Nice Judo) - 60 kg (hommes) : Florimont (Nice Judo) - 66 kg (hommes) : All Around the world », chargée de donner un éclairage sur la personnali­té des grands noms de son sport. La diffusion est prévue pour 2020. Un parcours atypique qui fait de son retour fracassant une belle surprise. « C’est inespéré. Je m’entraînais toujours un peu entre deux tournages mais sans connaître ma forme actuelle. Cette 2e place, ce n’est pas une revanche. Je me suis vraiment libéré de toutes ces galères, ces frustratio­ns et cette peine, notamment en écrivant mon livre. Ça a été une thérapie. »

« Me préserver de la douleur »

Malgré son incroyable come-back, Korval ne veut plus se brûler les ailes. « La Fédération m’a déjà sélectionn­é pour deux tournois internatio­naux, en Hollande et à Paris. Je tombe un peu des nues parce que ma réflexion quant à un retour n’est pas aboutie. Je prends au jour le jour pour voir comment j’évolue. La médaille olympique est la seule qui me manque. J’en rêve forcément mais j’ai envie de me préserver de la douleur. Pour l’instant, je veux surtout reprendre du plaisir avec l’Olympic Judo Nice (qu’il a rejoint cette saison) dans les compétitio­ns par équipes. Aller chercher les titres nationaux et européens. J’ai choisi l’OJN parce que c’est un club de fortes têtes, de champions. On est indépendan­t, comme des étalons sauvages. Le club n’essaie pas de nous contrôler, il laisse les personnali­tés s’exprimer. » Le terrain de jeu parfait pour un personnage toujours hors-norme.

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Loïc Korval, ex du pôle Espoirs du Parc Impérial de Nice, a terminé vice-champion de France en -  kg. (Photo DR)

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