L’agence de Biomédecine lance un appel pour le don de gamètes
Le rythme circadien de la maman influence celui du foetus qu’elle porte. C’est la conclusion d’études conduites par des chercheurs niçois
Coucher, lever, humeur, appétit… tout notre organisme est régulé par de petites horloges biologiques influencées par la lumière du soleil. C’est ce que l’on nomme communément la chronobiologie. Parmi les scientifiques français les plus en pointe dans ce domaine figure un Niçois, Franck Delaunay, professeur à l’université de Nice et chercheur Inserm à l’Institut de biologie de Valrose. A son actif, de nombreux travaux destinés à faire progresser la connaissance dans ce domaine, dont les plus récents viennent d’être publiés dans une revue scientfique internationale (1). Avant de les présenter, il rappelle la genèse du concept. « Lorsqu’il y a 20 ans, on a découvert que ces horloges n’étaient pas confinées au niveau du cerveau mais présentes dans toutes nos cellules, a émergé le concept de système circadien. Soit une collection d’horloges organisées de façon hiérarchique, avec l’horloge du cerveau qui synchronise les horloges situées au niveau des organes. L’ensemble permet de gérer toute la physiologie en fonction du rythme jour-nuit.» Des découvertes (récompensées par le prix Nobel de médecine 2017) qui ont ouvert un champ immense d’applications au niveau biomédical. «On sait aujourd’hui que si l’on détériore ce système circadien (travail de nuit, posté ...), on accroît le risque de troubles du sommeil, de dépression, mais aussi de maladies métaboliques, de cancers ou encore de troubles cardiovasculaires.» En cause, un problème de synchronisation des différentes horloges biologiques. «C’est comme un orchestre dans lequel chaque musicien jouerait sa partition…»
Horaires de travail atypiques
Dans ce contexte, l’équipe de Franck Delaunay, en collaboration avec celle de Jacques Samarut à l’Ecole normale supérieure de Lyon, s’est penchée sur une période particulière de la vie d’une femme, la grossesse. «Nous souhaitions évaluer l’influence de perturbations de l’horloge maternelle sur l’horloge foetale et le développement postnatal.» Sachant que les horloges périphériques (présentes au niveau du foie, des muscles, du coeur, etc.) sont très sensibles à l’alimentation ou plutôt au schéma de l’alimentation, les scientifiques ont soumis leur modèle de rongeur gravides à un
(2) régime contraire à leurs «habitudes ». « On leur donnait à manger pendant la phase lumineuse alors que naturellement, les rongeurs se nourrissent pendant les phases obscures.» Une espèce de décalage horaire interne imposé qui n’a pas tardé à montrer ses effets. « Cela a provoqué une resynchronisation immédiate des horloges périphériques des femelles gravides, mais aussi de leurs foetus.» Et plus tard des nouveau-nés pendant toute la phase de lactation. Ces travaux fournissent la première preuve de l’importance de la chrononutrition de la mère pour le foetus. Certes, ils ont été obtenus sur un modèle de rongeur, mais le scientifique précise que « le système circadien de la souris est très semblable à celui de l’homme». D’où l’incitation à prendre rapidement quelques mesures de précaution vis-à-vis des femmes enceintes. « Près de 20 % de la population active européenne a des horaires de travail atypiques. Et c’est même près de 50 % dans certains domaines comme la santé, les transports... Parmi ces millions de personnes, il y a beaucoup de femmes bien sûr. Et des femmes enceintes.» Tout est dit.