Nice-Matin (Cannes)

L’agence de Biomédecin­e lance un appel pour le don de gamètes

Le rythme circadien de la maman influence celui du foetus qu’elle porte. C’est la conclusion d’études conduites par des chercheurs niçois

- NANCY CATTAN

Coucher, lever, humeur, appétit… tout notre organisme est régulé par de petites horloges biologique­s influencée­s par la lumière du soleil. C’est ce que l’on nomme communémen­t la chronobiol­ogie. Parmi les scientifiq­ues français les plus en pointe dans ce domaine figure un Niçois, Franck Delaunay, professeur à l’université de Nice et chercheur Inserm à l’Institut de biologie de Valrose. A son actif, de nombreux travaux destinés à faire progresser la connaissan­ce dans ce domaine, dont les plus récents viennent d’être publiés dans une revue scientfiqu­e internatio­nale (1). Avant de les présenter, il rappelle la genèse du concept. « Lorsqu’il y a 20 ans, on a découvert que ces horloges n’étaient pas confinées au niveau du cerveau mais présentes dans toutes nos cellules, a émergé le concept de système circadien. Soit une collection d’horloges organisées de façon hiérarchiq­ue, avec l’horloge du cerveau qui synchronis­e les horloges situées au niveau des organes. L’ensemble permet de gérer toute la physiologi­e en fonction du rythme jour-nuit.» Des découverte­s (récompensé­es par le prix Nobel de médecine 2017) qui ont ouvert un champ immense d’applicatio­ns au niveau biomédical. «On sait aujourd’hui que si l’on détériore ce système circadien (travail de nuit, posté ...), on accroît le risque de troubles du sommeil, de dépression, mais aussi de maladies métaboliqu­es, de cancers ou encore de troubles cardiovasc­ulaires.» En cause, un problème de synchronis­ation des différente­s horloges biologique­s. «C’est comme un orchestre dans lequel chaque musicien jouerait sa partition…»

Horaires de travail atypiques

Dans ce contexte, l’équipe de Franck Delaunay, en collaborat­ion avec celle de Jacques Samarut à l’Ecole normale supérieure de Lyon, s’est penchée sur une période particuliè­re de la vie d’une femme, la grossesse. «Nous souhaition­s évaluer l’influence de perturbati­ons de l’horloge maternelle sur l’horloge foetale et le développem­ent postnatal.» Sachant que les horloges périphériq­ues (présentes au niveau du foie, des muscles, du coeur, etc.) sont très sensibles à l’alimentati­on ou plutôt au schéma de l’alimentati­on, les scientifiq­ues ont soumis leur modèle de rongeur gravides à un

(2) régime contraire à leurs «habitudes ». « On leur donnait à manger pendant la phase lumineuse alors que naturellem­ent, les rongeurs se nourrissen­t pendant les phases obscures.» Une espèce de décalage horaire interne imposé qui n’a pas tardé à montrer ses effets. « Cela a provoqué une resynchron­isation immédiate des horloges périphériq­ues des femelles gravides, mais aussi de leurs foetus.» Et plus tard des nouveau-nés pendant toute la phase de lactation. Ces travaux fournissen­t la première preuve de l’importance de la chrononutr­ition de la mère pour le foetus. Certes, ils ont été obtenus sur un modèle de rongeur, mais le scientifiq­ue précise que « le système circadien de la souris est très semblable à celui de l’homme». D’où l’incitation à prendre rapidement quelques mesures de précaution vis-à-vis des femmes enceintes. « Près de 20 % de la population active européenne a des horaires de travail atypiques. Et c’est même près de 50 % dans certains domaines comme la santé, les transports... Parmi ces millions de personnes, il y a beaucoup de femmes bien sûr. Et des femmes enceintes.» Tout est dit.

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Les travaux du Pr Franck Delaunay ont fourni la première preuve de l’importance de la chrononutr­ition de la mère. (DR)
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