Les Anges blancs, près des blessés
Dès le début de la mobilisation, le 2 août 1914, les femmes ont dû remplacer les hommes : elles ont fait les moissons, puis ont pris le relais partout où cela devenait indispensable, et en particulier dans l’industrie, de l’armement. À la pyrotechnie de l’arsenal de Toulon, elles étaient 381 à travailler avant la guerre. Elles sont 4445 en 1917. Et 6 000 de 1914 à 1918, disent les registres d’embauche. On les surnomme les pyrotines.
obus par jour Des hommes ont été rappelés du front pour les aider, au plus fort de la demande en armement et 450 travailleurs sénégalais se chargent des tâches les plus rudes. Elles confectionnent les gargousses et les fagots de poudre, travaillent à l’assemblage d’éléments de munitions, au chargement des douilles ou au marquage des caisses. Le travail est dur, jour et nuit; les conditions d’hygiène et de sécurité, rudimentaires. Les accidents sont fréquents, provoquant quelques décès. En 1916, leur production journalière est de 20 000 cartouches de 75, 35 000 fusées de 24/31, 2 000 obus de 120, 8 000 étoupilles (amorces pour faire exploser les charges). À partir de 1917, elles disposent enfin d’une pouponnière. La garde des enfants est assurée à proximité de la pyrotechnie. Dans le Var, elles sont aussi embauchées dans les usines de torpilles de la Londe et de Saint-Tropez. Dans les Alpes-Maritimes, à Nice, elles rejoignent des fonderies et l’atelier des Tramways qui produisent des obus, mais aussi des fabriques d’armements dans le bassin cannois, dont la célèbre fonderie Repetto. Vêtues de blanc, les infirmières, sont baptisées les « anges blancs ». 30 000 salariées et 70000 bénévoles, plus près de 10 000 aides-infirmières, forment ce que l’on a appelé la Quatrième Armée. Près de 10 % d’entre elles perdront la vie. Elles se forment souvent sur le tas, dans le sang, brancardant, pansant les plaies de ceux qui tombent tant de blessures que de maladies.
Les hôtels de la côte convertis en hôpitaux La Côte d’Azur, avec son potentiel d’hébergement, a constitué la région idéale pour l’ouverture d’hôpitaux provisoires, notamment dans des établissements de luxe. Dès 1914, sont réquisitionnés, entre autres, à Hyères et Grasse le Casino municipal ; à Cannes les hôtels Gray d’Albion, Bellevue, du Parc, Gallia, Montfleury, Continental, Bellevue, Carlton et le Casino municipal ; à Nice les hôtels Négresco, Ruhl, de l’Hermitage, Régina, Winter Palace, Grand Hôtel et Impérial... Des établissements scolaires sont aussi transformés comme le lycée du boulevard de Strasbourg à Toulon, l’école des Maristes à La Seyne, l’école primaire à Bandol. Quelque 250 hôpitaux ont accueilli de 80000 à 100 000 soldats. Les arrivées se font souvent de nuit. Les trains qui transportent entre 300 et 350 blessés et malades s’arrêtent en gares de Toulon, Bandol, La Seyne, Cannes, Antibes et Nice. Les infirmières doivent souvent s’occuper d’eux à même les quais. Notamment ceux criblés d’éclats d’obus, dont les blessures sont aggravées par les fertilisants, utilisés dans les plaines de France, provoquant gangrène et tétanos, et obligeant souvent à l’amputation. 45 % des hospitalisés sont atteints de fièvre typhoïde, tuberculose, affection pulmonaire... La plupart des Anges blancs bénévoles attachés aux hôpitaux provisoires ont repris leur vie lorsque les établissements ont retrouvé leur vocation première, dès la fin 1916. D’autres sont parties pour le front.