«Pour qu’une femme puisse connaître le bonheur de devenir mère»
Sandy (1), 36 ans, est l’heureuse maman de trois enfants. Heureuse, le mot n’est pas vain. Elle raconte le bonheur qu’elle a d’élever ses bambins : « J’ai toujours su que je serais mère, c’était une évidence pour moi. Je suis maman à fond ! Je me sens tellement heureuse de les avoir que ça me fait beaucoup de peine d’imaginer que certains ne le peuvent pas. » Alors, un jour, elle a franchi le pas. « J’ai vu une émission à la télévision sur le don d’ovocytes. Des femmes témoignaient, à la fois des donneuses et d’autres qui ont bénéficié d’un don pour avoir un bébé. Cette démarche m’a semblé logique: moi, j’ai mes enfants, je n’en ferai plus, alors pourquoi ne pas aider une autre femme ? » Il y a quelques mois, elle a donc franchi le pas. La jeune femme approchait de la limite d’âge pour donner (37 ans pour les femmes, 45 ans pour les hommes), alors elle n’a pas tardé à prendre rendez-vous au Cecos de l’Archet. « Les choses sont allées relativement vite. Il y a eu plusieurs rendez-vous, les injections pour la stimulation ovarienne et enfin la ponction. » Les règles sont telles que les donneurs (de sperme comme d’ovocytes) ignorent combien de gamètes sont prélevés, s’ils ont été implantés et si cela a abouti à une grossesse. La confidentialité est absolue. « Au début, c’est un peu frustrant de ne pas savoir si ça a fonctionné, si j’avais fait tous ces efforts pour rien. Et puis rapidement, je suis passée à autre chose. Je n’y pense plus tellement. Tout ce que j’espère, c’est qu’une femme puisse connaître le bonheur de devenir mère. » L’Azuréenne n’a quasiment pas parlé de cette démarche à son entourage. Seulement à son mari et à sa meilleure amie « car elle m’a accompagnée à l’hôpital pour la ponction. Je ne l’ai pas dit aux autres simplement parce que j’estimais que cela ne les regardait pas, que c’était personnel. Pour autant, j’inciterais volontiers d’autres à faire un don : je pense que c’est très important que des femmes comme moi donnent leurs ovocytes pour permettre à d’autres de devenir mamans. »
« C’est sa grossesse son accouchement »
Sandy en a longuement discuté avec son conjoint avant de s’engager dans cette démarche. « Il ne connaissait pas, alors je lui ai expliqué en quoi ça consistait : je donne des ovocytes qui seront ensuite fécondés grâce au sperme du mari puis implantés dans l’utérus de la femme. Mon époux a trouvé que c’était un beau geste. » Paradoxalement, Sandy n’aurait pas souhaité que son époux fasse un don de sperme : « J’aurais l’impression qu’il a un enfant dans la nature. Moi c’est différent, il y a une mère, ce n’est pas moi. C’est cette autre femme qui va porter cet enfant. Ce sera son sang à elle, sa grossesse, son accouchement. » Une vision personnelle qui montre à quel point chaque donneur a une image subjective de sa démarche. Souvent on retrouve des similitudes dans le « profil » des donneurs de gamètes. Sandy, comme la majorité de ceux qui se sont engagés dans cette démarche, donne régulièrement son sang. «Je suis aussi inscrite sur le registre des donneurs de moelle osseuse alors, finalement, ce don d’ovocytes, c’est dans la continuité, c’est une question de solidarité. » La jeune femme dit ne pas regretter son choix. « Lorsque j’avais les rendez-vous à l’Archet, j’attendais dans la salle d’attente où je voyais des couples qui, manifestement, consultaient pour des problèmes d’infertilité. Ils étaient là dans l’espoir de devenir un jour parents. Ils ne savaient pas pourquoi j’étais là mais quelque part, ça m’a confortée dans l’idée que je pouvais aider. »