Nice-Matin (Cannes)

Le cerveau reptilien les met en boîte au théâtre Anthéa

- M. D. mdasque@nicematin.fr

Mine de rien, Jean de la Fontaine n’est pas loin. Se servir des animaux pour instruire l’Homme qu’il disait. User de sa bestialité pour le faire cogiter : voici ce que propose Pierre Blain avec Homnimal. Ce soir, pour la première sur les planches d’Anthéa, son équipe de comédiens se prête à un drôle de jeu... Un challenge qui dépasse rapidement les limites du concevable. Ici, on dépèce, on éviscère, on dissèque les tréfonds de l’instinct humain. Sur scène : trois candidats. Chacun devra user de ses qualités pour manoeuvrer. Et obtenir le poste tant désiré... Durant 1 h 10, le public assiste à l’escalade. Impuissant mais pas impassible. Au fil des minutes, les rires s’étirent pour laisser place au malaise, à la nécessaire crudité de la réalité. L’ambiance vire au nez rouge mécanique. Violent parce qu’humain. Égoïste parce qu’humain. Destructeu­r parce qu’humain.

Homnimal de foire, de laboratoir­e... Et ne pensez pas que le jeu dérape : tout a été calculé. Et c’est bien cela le pire. La préméditat­ion du réflexe de survie. Cette assurance dans la cruauté du vivant contre lui-même. Au fil des épreuves, les comédiens perdent tout à y gagner. Leur empathie, leur compassion, leur libre arbitre, leur personnali­té... jusqu’à leur humanité. Homnimal de foire, Homnimal de laboratoir­e, Homnimal domptable, Homnimal d’élevage, Homnimal candidat à sa propre disparitio­n et à celles de ses congénères. Bête et méchant. Les Hommes devraient se cacher pour mourir.

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(Photo Eric Ottino) Trois candidats embarqués dans un jeu où ils perdent tout à y gagner.

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