Le cerveau reptilien les met en boîte au théâtre Anthéa
Mine de rien, Jean de la Fontaine n’est pas loin. Se servir des animaux pour instruire l’Homme qu’il disait. User de sa bestialité pour le faire cogiter : voici ce que propose Pierre Blain avec Homnimal. Ce soir, pour la première sur les planches d’Anthéa, son équipe de comédiens se prête à un drôle de jeu... Un challenge qui dépasse rapidement les limites du concevable. Ici, on dépèce, on éviscère, on dissèque les tréfonds de l’instinct humain. Sur scène : trois candidats. Chacun devra user de ses qualités pour manoeuvrer. Et obtenir le poste tant désiré... Durant 1 h 10, le public assiste à l’escalade. Impuissant mais pas impassible. Au fil des minutes, les rires s’étirent pour laisser place au malaise, à la nécessaire crudité de la réalité. L’ambiance vire au nez rouge mécanique. Violent parce qu’humain. Égoïste parce qu’humain. Destructeur parce qu’humain.
Homnimal de foire, de laboratoire... Et ne pensez pas que le jeu dérape : tout a été calculé. Et c’est bien cela le pire. La préméditation du réflexe de survie. Cette assurance dans la cruauté du vivant contre lui-même. Au fil des épreuves, les comédiens perdent tout à y gagner. Leur empathie, leur compassion, leur libre arbitre, leur personnalité... jusqu’à leur humanité. Homnimal de foire, Homnimal de laboratoire, Homnimal domptable, Homnimal d’élevage, Homnimal candidat à sa propre disparition et à celles de ses congénères. Bête et méchant. Les Hommes devraient se cacher pour mourir.