Effondrement à Marseille : l’enquête se poursuit chez les propriétaires Georges Tron acquitté des accusations de viols
Des perquisitions ont eu lieu, hier, chez les propriétaires des appartements d’un des immeubles qui se sont effondrés à Marseille le 5 novembre, a-t-on appris auprès du parquet. Les perquisitions, menées par les enquêteurs de la police judiciaire, interviennent au surlendemain de celles menées au siège du bailleur social Marseille Habitat, propriétaire du 63, ainsi que dans des services municipaux. L’enquête vise à déterminer les causes exactes du drame et à établir d’éventuelles responsabilités dans l’effondrement de ces immeubles vétustes, situés dans un quartier populaire de l’hyper-centre.
Des documents saisis chez le syndic
Le premier étage du numéro 65 avait fait l’objet d’un arrêté de péril imminent le 19 octobre, avec interdiction d’y habiter. Pour les autres étages, l’arrêté municipal préconisait une série de travaux d’urgence, à réaliser avant le 9 novembre. Les locataires s’étaient plaints à plusieurs reprises auprès du syndic – chez qui des documents et ordinateurs ont déjà été saisis –, en décrivant des murs fissurés et des portes qui ne se fermaient plus.
Muselier retire des délégations
Xavier Cachard, vice-président LR du conseil régional de Provence-Alpes-Côted’Azur, et propriétaire de l’un des appartements du 65 rue d’Aubagne, s’est vu « retirer toute délégation » « dans un souci de transparence », a annoncé le président de la région. Une décision valable « pour toute la durée de l’enquête et de la procédure judiciaire » qui concerne également l’adjointe au logement à la mairie de Marseille Arlette Fructus, présidente de la commission vie associative à la région. Renaud Muselier a également annoncé qu’en raison du drame, la collectivité ne participerait plus à aucune inauguration à Marseille d’ici la fin de l’année.
La thèse d’un élu abusant de son pouvoir pour « vampiriser ses victimes » n’a pas convaincu la cour : l’ex-secrétaire d’Etat Georges Tron a été acquitté, hier, des accusations de viols et agressions sexuelles de deux exemployées municipales, tout comme son ex-adjointe à la Culture à la mairie de Draveil (Essonne). Six ans de prison ferme avaient été requis contre Georges Tron, comparé au « comte Dracula », et quatre ans contre Brigitte Gruel. Pour l’avocat général, l’élu avait « abusé de son pouvoir avec ses subordonnées » puis tenté de «politiser une affaire purement sexuelle » en dénonçant un complot. Virginie Ettel et Eva Loubrieu, 41 et 44 ans, accusaient Georges Tron de leur avoir imposé, avec Brigitte Gruel, des attouchements et des pénétrations digitales entre 2007 et 2010. Depuis le début de l’affaire, en mai 2011, ils ont toujours clamé leur innocence.
« Une logique de vengeance »
Dans ses motivations lues par son président Philippe Coirre, la cour d’assises a considéré que les éléments à charge n’étaient pas suffisants pour les condamner. La cour a estimé que Georges Tron et Brigitte Gruel avaient participé à des « ébats sexuels en présence de tiers » dans un « contexte général hypersexualisé ». Et que si les « scènes à caractère sexuel évoquées par les plaignantes » étaient « avérées », ces dernières n’ont pas apporté la preuve qu’elles étaient en « situation de contrainte ». La cour a aussi considéré qu’elles étaient toutes les deux dans une « logique de vengeance » après un licenciement pour Eva Loubrieu et un changement de poste pour Virginie Ettel. Georges Tron et Brigitte Gruel, 61 ans, soutenaient que le « ressentiment » de ces anciennes employées avait été exploité par leurs opposants locaux d’extrême droite. A l’issue du verdict, ils ont longuement embrassé leurs proches venus les soutenir. « C’est l’illustration que la justice n’est pas la justice médiatique où Georges Tron a été condamné dans des conditions inadmissibles durant sept ans, privé de la possibilité de poursuivre sa carrière, moqué », a réagi l’avocat de Georges Tron, Eric Dupond-Moretti. Le ministère public a dix jours pour faire appel.
« Beaucoup d’amertume »
« La déception est grande, beaucoup d’amertume. Le combat que je mène depuis des années, je tiens à dire que je ne lâcherai pas », a de son côté réagi, très émue, Eva Loubrieu. « Je ne lâcherai rien, ni hier, ni aujourd’hui, ni demain. » Virginie Ettel, qui pleurait à l’énoncé du verdict, a fait un malaise quelques minutes plus tard. « Les motifs qui sont retenus pour prononcer l’acquittement de George Tron m’apparaissent scandaleux », a déclaré son avocat Vincent Ollivier. « J’attends donc que le parquet général fasse appel et j’ai confiance dans cette logique judiciaire », a-t-il poursuivi.