Nice-Matin (Cannes)

Au coeur des «gilets jaunes» à St-Isidore

- GAELLE DE LUNARDO

Vous voulez un café ? Quelque chose à boire ? » Il est 11 heures passées. Alors que le mouvement national des « gilets jaunes » a déjà débuté un peu partout, chez Yuri, et Alice à Nice, l’ambiance est chaleureus­e. Autour d’un café clope, on prend le temps, on papote entre potes. Le sujet principal ? Cette manifestat­ion. « On a tous le même but aujourd’hui, faire bouger les choses. Mais dans notre convoi, tout est cadré. Il n’y aura pas de débordemen­ts », assure Yuri, créateur, sur Facebook, du mouvement partant de l’ancien stade du Ray en direction du péage de Saint-Isidore. Sur son smartphone les actus défilent. Et les appels aussi. «Il va falloir partir les gars. » Il est déjà quasi midi. Direction donc le point de rendez-vous à Nice Nord. Les Niçois en colère se retrouvent autour du snack. Des chauffeurs de VTC aussi. Et les esprits s’échauffent un peu. « Qui je suis ? Je suis un citoyen qui se mobilise aujourd’hui dans ce mouvement apolitique. Nous demandons la démission du gouverneme­nt et l’instaurati­on d’une assemblée populaire ! », fait savoir à vive voix un chauffeur VTC. Un ras-le-bol partagé par cette Niçoise. « J’étais secrétaire dans une école, j’étais bien et mon poste a été supprimé. Maintenant, je suis au chômage. » Ce cri du coeur, tous l’ont poussé durant la journée. A l’unisson. De Nice à Antibes en passant par Grasse et Menton. Dans les AlpesMarit­imes, le Var et partout en France. À travers klaxons et gilets jaunes pétants aux fenêtres. Le convoi de Saint-Isidore n’a pas échappé à cette réalité. Ni à celle des non-manifestan­ts. Il est 14 heures, le convoi vient de partir. À l’arrière, une partie se retrouve bloquée par des automobili­stes qui les empêchent de passer. Scooter, motos et voitures warning allumés sont à l’arrêt sur le boulevard Joseph-Garnier durant cinq minutes. Quelques minutes plus tard, nouvel incident. Cette fois sur la voie Mathis (voie rapide). Un automobili­ste au volant d’une berline noire tente, exaspéré, essaie de se frayer un chemin à travers la nuée des deux-roues. Un scooter aurait chuté. « Attends un peu toi ! », lâche Yuri qui saute du véhicule. Alice le suit des yeux. « S’il lui arrive quelque chose...» L’incident est vite clos. Sans heurt, appuyé par les forces de l’ordre qui encadrent le convoi jusqu’à l’entrée de l’A8. Après, c’est la gendarmeri­e qui a pris le relais. Et à 15 heures passées, les Niçois font leur entrée au péage de Saint-Isidore. Les choses sérieuses commencent. Et vont se poursuivre jusqu’à la tombée de la nuit. Dans une ambiance bon enfant. Jusqu’à la désillusio­n, vers 19 heures, s’ajoutant au froid qui paralyse les membres. La nouvelle tombe : les « gilets jaunes » ne vont pas pouvoir passer la nuit sur l’A8. Des camions de CRS arrivent. Tout est bloqué, impossible de reculer ou d’avancer. Piégé. Il faudra attendre plusieurs heures pour que les manifestan­ts puissent quitter l’autoroute.

 ?? Hier, c’est un cri du coeur que les Niçois ont poussé.(Photo G. de L.) ??
Hier, c’est un cri du coeur que les Niçois ont poussé.(Photo G. de L.)

Newspapers in French

Newspapers from France