Nice et Cagnes : la Prom’ et l’A fortement perturbées
Beaucoup moins nombreux que samedi, quelques centaines de manifestants ont néanmoins perturbé la circulation hier après-midi à Saint-Isidore, sur la Prom’ et sur l’A8 au niveau de Cagnes
Le rond-point des Vignes sur le boulevard du Mercantour est bouché. Il est 15 heures. Des policiers plutôt détendus, surveillent environ 300 « gilets jaunes» qui s’activent sur deux barrages filtrants. La manifestation a été improvisée le matin même via les réseaux sociaux. Fabienne, déjà mobilisée samedi, récidive ce dimanche après-midi : « Tout le monde est dans la rue pour le foot. Et pourquoi pas pour défendre son pouvoir d’achat ? » La manifestante avenante confie ses difficultés de salariée modeste : « Je suis obligée de travailler la nuit pour compléter mes revenus. Dans huit ans, je serai à la retraite. A quelle pension aurais-je droit ? »
Manoeuvre dangereuse
Fabienne pousse les automobilistes qui viennent de sortir de l’A8 à arborer leur gilet jaune. Il y a ceux qui acceptent volontiers quitte à aller le chercher dans leur coffre. Ils ont droit en retour à des applaudissements nourris. D’autres fulminent en silence. D’autres encore démarrent en trombe pour exprimer leur exaspération quitte à plomber l’atmosphère. Le conducteur d’une fourgonnette, agacé, tente une manoeuvre dangereuse et
Transporteurs : pas de mot d’ordre Depuis samedi, des manifestants annonçaient un blocage des routes dès ce lundi par les transporteurs. Une rumeur démentie par Patrick Mortigliengo, président de l’UPTAMFNTR 06. S’il dit comprendre le mécontentement des « gilets jaunes », le chef d’entreprise explique qu’aucun mot d’ordre n’a été lancé. Les VTC, les ambulanciers, les infirmiers libéraux… autant de professions mécontentes ces derniers temps, vont-ils entrer dans la danse des « gilets jaunes »? Là encore, aucune déclaration de manifestation n’a été déposée en préfecture.
heurte avec fracas un terreplein. Pas de blessés mais les policiers accourent pour le calmer et contrôler ses papiers. La police, en nombre, reste sur ses gardes. « Il suffit d’un excité pour qu’il y ait un accident », observe un officier. Dans l’ensemble, la manifestation semble plutôt bien tolérée par des automobilistes pourtant retardés de longues minutes. Le dialogue s’engage parfois. « Ça ne sert à rien ce que vous faites, lance un automobiliste.
C’est utopique.» «Même si ça ne sert à rien ils comprendront que le peuple en a marre», rétorque une manifestante.
Pagaille sur l’A
Vers 15 h 30 une escouade de motards et de pilotes de scooter quitte le rond-point, direction Cagnes-sur-Mer par l’A8 pour une opération « escargot ». A quelques dizaines, ils vont provoquer une belle pagaille pendant trois heures en ne laissant , dans les deux sens, qu’une
voie accessible à la circulation ! D’autant que la route du bord de mer à Antibes était interdite en raison d’un coup de mer. Le retour de week-end a été problématique pour les usagers de l’A8. En revanche, sur le boulevard du Mercantour, la tombée de la nuit coïncide avec un retour à la normale. Les autorités ont dévié les automobilistes (par le 202 bis ou en interdisant la sortie Saint-Isidore de l’A8) pour leur éviter de se retrouver
bloqués. Les manifestants, sans véhicules à filtrer, lèvent le camp mais un barrage filtrant près du Parc Phoenix provoque de gros ralentissements sur la Promenade et complique l’accès à la voie Mathis. « On ne lâchera pas », affirme Jean-Charles, technicien de 59 ans, sans se faire d’illusion sur l’avenir du mouvement : « Alors que les partis politiques et les syndicats ne sont pas là, il faudrait que les chômeurs et les retraités prennent le relais demain. » Si les partis politiques ne s’affichent pas, des sympathisants du Rassemblement national et des Insoumis sont bien présents parmi les manifestants. Certains d’entre eux espèrent que des professions, mécontentes des réformes Macron, manifesteront à leur tour (lire par ailleurs). Vanessa, 27 ans et son berger malinois tout de jaune vêtu, résume le sentiment général des manifestants : « Il y en a marre de travailler en étant de plus en plus taxés alors que d’autres profitent du système. Mes parents ont bossé quarante ans et se retrouvent en difficulté financière. Je ne trouve pas cela normal. »