Ingénieurs : Grasse, future capitale méditerranéenne?
C’est l’ambition de Moumen Darcherif, directeur général de l’école d’ingénieurs Ecam-EPMI, qui prévoit d’ouvrir des formations à Grasse où il veut développer un véritable hub
Moumen Darcherif était l’invité récemment du colloque organisé par le conseil de développement sur l’énergie. Une invitation d’autant plus justifiée que le directeur de l’EcamEPMI, école d’ingénieurs qui devrait s’installer en septembre 2019 à Grasse, est également chercheur dans le domaine des enjeux énergétiques et logistiques de la ville de demain. L’occasion de l’interviewer, non seulement sur la prochaine arrivée de l’Ecam-EPMI, mais aussi sur sa vision de la Cité des parfums, lui qui est « tombé sous son charme voilà un an et demi seulement.»
Qu’est-ce que l’Ecam-EPMI ?
Ecam-EPMI est une école d’ingénieurs créée en en région parisienne, à l’initiative de quatre groupes industriels : EDF, PSA, Schneider et Philips, sous le haut patronage de l’Institut catholique de Paris. Aujourd’hui, l’école forme un peu plus de ingénieurs par an dans deux domaines : génie électrique, génie industriel et psychologie de l’information. Et puis une formation spécialisante qui se fait en trois ans, dans le génie énergétique et climatique. Elle a été ouverte avec le soutien de nombreuses entreprises.
Grasse est la première délocalisation de l’Ecam-EPMI ?
Cette ouverture à Grasse s’inscrit dans une démarche d’ouverture de nouveaux sites pour l’école. Le premier site décidé et en cours d’installation est à Cachan. Son ouverture se fera à l’horizon . Nous avons aussi un site d’expérimentation dans les Yvelines, dont un
‘‘ « créativ lab » dédié aux enjeux de la transition énergétique avec deux piliers majeurs : l’habitat et la mobilité. Il fonctionne déjà. Il a été lancé avec l’appui financier de l’agence nationale de la rénovation urbaine (Anru) et le Feder (fonds européen de développement régional).
Là, on sent des passerelles avec Grasse…
C’est une des raisons qui ont poussé la ville de Grasse à nous contacter parce qu’elle cherchait à développer une formation dans le domaine de l’énergétique, et de l’énergie de demain en particulier.
Quelle formation est attendue à Grasse ?
L’idée première était d’ouvrir une option de dernière année comptant une vingtaine d’étudiants dans ces domaines, notamment les énergies et la ville de demain.
Le projet a évolué ?
Par les contacts pris avec Jérôme Viaud et son équipe, nous nous sommes rendu compte que nous pouvions aller vers l’implantation d’une vraie filière de formation d’ingénieurs de bac à bac +.
Une filière dans quel domaine ?
Dans un premier temps, il sera question d’une filière généraliste avec deux options : énergétique et la ville du futur (EVF) et puis génie industriel, probablement avec une ouverture sur l’industrie du parfum et de la cosmétique. Nous avons en tête l’arrivée d’autres écoles liées au parfum avec lesquelles nous serons amenés à collaborer. Nous envisagerons d’élargir la formation au génie énergétique par l’apprentissage.
Votre objectif en terme d’effectifs ? C’est de pouvoir offrir à Grasse une soixantaine d’ingénieurs diplômés par an dont certains vont rester ans
‘‘ à Grasse, directement après le bac et d’autres rejoindront l’antenne après un bac +. Ce qui veut dire une antenne qui formera entre et étudiants à terme sur ans.
À quand l’installation ?
Si tout se passe bien, on ouvrira la première phase en septembre . Cela reste conditionné par l’autorisation d’ouverture qui nous sera donnée, je l’espère, par le rectorat de Nice dans les semaines à venir, pour qu’on puisse lancer le recrutement via Parcours sup.
Où vous installerez-vous ?
À terme, dans l’ancien palais de justice qui sera aménagé, entre autre, pour nous car nous serons en mutualisation avec d’autres établissements.
Et en attendant?
L’espace Jacques-Louis-Lions, qui sera notre lieu d’attache provisoire. Et, si besoin, un déploiement sur deux autres sites de la ville. À titre provisoire, bien entendu.
Comment préparez-vous votre arrivée ?
Nous prenons contact avec des lycées pour nous faire connaître des futurs bacheliers. L’idée est relativement simple : pourquoi aller sur Paris chercher une formation de qualité si on peut l’avoir sur place ? Non seulement, on sédentarise les jeunes et les talents, mais on répond aux besoins des entreprises qui ont du mal à recruter dans la région. Et ensemble, on travaille au développement économique de cette belle région.
Vous la connaissiez, cette région ?
Je connaissais la région et Grasse aussi, compte tenu de sa réputation. Qui ne connaît pas la capitale du parfum ? Mais je ne l’avais pas encore visitée. Je l’ai découverte il y a un an et demi et j’en suis tombé amoureux. C’est une très belle ville, très attachante. C’est peut-être aussi un des éléments qui m’ont poussé à aller au-delà du cahier des charges initial.
C’est-à-dire ?
Créer un véritable hub, à la fois de formation initiale et de formation continue, mais aussi de recherches en faisant venir des chercheurs internationaux. Mon ambition serait aussi de créer un pôle de formation à
l’échelle méditerranéenne. Faire de Grasse un lieu privilégié pour des étudiants venant du Liban, Maroc, Tunisie, Grèce, Turquie et aussi Israël. Ce sont des pays que j’ai envie d’approcher pour créer un centre méditerranéen de formation d’ingénieurs. Avec une trentaine de Méditerranéens, plus ou jeunes de Grasse. C’est ça, mon ambition. À terme, bien évidemment, parce que ce ne sont pas des projets que l’on peut mener rapidement.
La Turquie et la Grèce représentées dans un même lieu : pas simple ?
C’est évidemment un challenge de faire travailler un étudiant turc avec un étudiant grec, ce n’est pas toujours évident. Mais notre rôle de formateurs et chercheurs, c’est aussi de briser les tabous et de casser les frontières.
Vous avez déjà des relations en Méditerranée ?
On a, en effet, en région parisienne, déjà des étudiants qui viennent de ces pays-là. Et on a aussi des travaux de recherche en partenariat avec un certain nombre de pays méditerranéens. On organise aussi des conférences internationales auxquelles assistent des représentants du pourtour méditerranéen. Et aujourd’hui on aurait envie de centraliser ces activités à Grasse, où l’accueil serait plus confortable.
Dans une démarche d’ouvertures ” Répondre aux besoins des entreprises ”