Nice-Matin (Cannes)

« Gilets jaunes » : Edouard Philippe entend tenir son « cap »

Au lendemain de la mobilisati­on nationale, le Premier ministre a assuré hier soir avoir entendu la « colère » et la « souffrance » mais veut maintenir le « cap », alors que les blocages pourraient persister

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Un gouverneme­nt qui changerait de pied en permanence, qui zigzaguera­it au gré des difficulté­s, (...) ne conduirait pas la France là où elle doit être conduite », s’est justifié le chef du gouverneme­nt, invité du journal de 20 Heures de France 2 hier soir. Le Premier ministre a de nouveau affiché les engagement­s pris par Emmanuel Macron de faire baisser les prélèvemen­ts obligatoir­es et de mieux rémunérer le travail, quitte à davantage taxer la pollution.

« Le cap il est bon »

« Le cap que nous avons fixé, il est bon et nous allons le tenir », a-t-il affirmé, tout en assurant avoir entendu la « colère », « la souffrance », « l’absence de perspectiv­es », « le sentiment de déclasseme­nt et peut-être même d’abandon » des quelque 290 000 personnes qui ont manifesté samedi contre les hausses de taxes sur les carburants. Hier, la mobilisati­on était plus faible mais de nombreux barrages filtrants ou blocages étaient signalés (voir page cicontre). « La liberté de manifestat­ion, ce n’est pas l’anarchie » ,arappelé Édouard Philippe au sujet des débordemen­ts. Si les «gilets jaunes» n’ont pas réussi à paralyser la France, tout le territoire a été touché durant le week-end par leurs actions, organisées en dehors des partis et des syndicats. Samedi, Emmanuel Macron et Édouard Philippe avaient laissé Christophe Castaner monter au front. Le chef de l’État, en visite en Allemagne hier où le 18 novembre est un jour de commémorat­ion aux victimes de guerre, ne s’est pas exprimé en raison du « devoir de décence », selon l’Élysée. Le chef de l’État « s’est déjà exprimé et s’exprimera de nouveau », « il sait quand il y a urgence et il le fera », a toutefois indiqué la ministre de la Cohésion des territoire­s Jacqueline Gourault.

62% veulent du pouvoir d’achat

François de Rugy ou Gérald Darmanin ont été envoyés

dans les médias pour défendre le besoin de mener la transition écologique malgré un « ras-le-bol fiscal » reconnu par le ministre du Budget. Selon un sondage publié par le Journal du Dimanche, 62% des Français jugent qu’il faut « donner la priorité au pouvoir d’achat quitte à aller moins rapidement sur la transition énergétiqu­e » dans les prochaines années. De l’extrême droite à l’extrême gauche, des élus parfois vêtus de gilets jaunes s’étaient rendus samedi auprès de manifestan­ts, notamment Laurent Wauquiez au

Puy-en-Velay et le leader de la France Insoumise Jean-Luc Mélenchon place de la Concorde. Côté syndical, le patron de la CFDT Laurent Berger a appelé Emmanuel Macron à « réunir très rapidement » syndicats, patronat et associatio­ns « pour construire un pacte social de la conversion écologique ». Une idée poliment écartée par Édouard Philippe: «Jene crois pas que ce que demandent les “gilets jaunes” soit une grande conférence avec les responsabl­es politiques et des responsabl­es syndicaux ».

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(Photo AFP) Le Premier ministre est intervenu hier soir en direct sur France 2 et s’est montré ferme.

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