VALLAURIS - GOLFE-JUAN À Golfe-Juan, le commerce a le moral dans les chaussettes
Une dizaine de rideaux baissés, des chiffres d’affaires annoncés à la baisse... Le coeur économique de la petite station balnéaire souffre. L’absence des plages privées est pointée
Ses affirmations les ont fait bondir. Lors du dernier conseil municipal, interpellée sur l’état du commerce, Michelle Salucki a livré un chiffre : « une augmentation de 36 % du chiffre d’affaires, en moyenne » ; « les commerçants se battent pour avoir des locaux » ; « Une excellente année » ; « Golfe-Juan un lieu paradisiaque ». Au coeur de la petite station balnéaire, pour les commerçants, la situation semble bien plus contrastée. Ce sont plusieurs locaux qui ont fermé leurs portes. Une dizaine environ, entre bord de mer, avenues de la Gare, du Midi et de l’Est. Les personnes que nous avons rencontrées annoncent une situation difficile. Même, « catastrophique ». C’est le qualificatif choisi par Emmanuel Guitierrez, du Tabac de la gare. « Sur la saison, par rapport à 2017, j’ai perdu environ 25 % de chiffre d’affaires sur juillet et août. Évidemment, il y a la situation générale morose, mais, ici, lété, nous devions beaucoup à l’attractivité des plages privées, entre les clients et les employés. Cela a représenté entre 20 et 30 clients par jours. » C’est le sentiment général, l’absence de plages privées a plombé la saison. Les commerçants avaient apporté leur soutien aux anciens exploitants des établissements, finalement détruits en janvier dernier. Près du Tabac de la gare, un pressing a fermé, à la fin de l’été. En face la supérette Proxi a tiré aussi le rideau en septembre.
« La trame sociale a éclaté »
« Il aurait bien continué mais il a pris sa retraite, découragé », lance William Laurent du bar le San Pedro, juste à côté. Cette petite institution tourne rond avec ses habitués. « Cet été, on a ressenti une baisse de passage. J’avais surtout des gars qui travaillaient pour les plages. » Pour Emmanuel, la fermeture des plages privées, démolies au début de l’année, « a fait éclater une trame sociale. Cela a créé un déséquilibre. Il faudra du temps pour renouer tout ça. Mais, nous, en attendant ? » Thierry Santini, à la tête de Santini Bijoux emploie aussi le qualificatif de« catastrophique » et parle d’une baisse de 18 % de son activité. Pour lui aussi, l’impact de la disparitation des plages est en cause : « Nous avons eu beaucoup moins de clientèle étrangère. Celle qui venait pour les restaurants Tetou et Chez Nounou...». Le bijoutier regrette un manque d’animation et un problème de stationnement. Il compare avec la situation d’un autre magasin qu’il possède dans les Bouches-du-Rhône, à Château-Renard, où selon lui, « pour la même période, les affaires se maintiennent. Pour faire tourner les places de stationnement, la mairie a mis en place le disque horaire ». Àla Pharmacie des Iles, on assène un chiffre choc : « 2 000 clients en moins en juillet et août. Du coup, on se pose des questions. Mais, mes collègues pharmaciens sont eux aussi en régression », explique Didier Rodde. « Oui, il n’y a pas que la fermeture des plages. Mais, notre attractivité c’était ces plages connues partout. Les clients à fort pouvoir d’achat sont partis ailleurs. » Quand on évoque la saison prochaine, avec l’ouverture de nouveaux établissements, le pharmacien reste sceptique : « Je crains que l’été 2019 soit aussi mauvais. Dans la tête des gens, il n’y a plus de plages à Golfe-Juan. Ils vont voir ailleurs. » Tout n’est pas sombre, des commerces ont été créés, cet été. Danièle et Eric, les anciens patrons de Vallauris Plage ont ouvert l’épicerie Terre et Mer, avenue du Midi. « Mais le premier bilan n’est pas bon. C’est difficile », souffle Danièle, également présidente de l’association des commerçants. Avenue de la Gare, Marielle et Isabelle ont inauguré la poissonnerie Le Nautile qui propose également dégustation d’huîtres sur place et plats à emporter. « On ne peut pas dire que les débuts soient formidables mais on s’accroche », lance Marielle. Et on s’adapte, en ouvrant trois matinées par semaine. En attendant, comme tous, de meilleurs jours.