Nice-Matin (Cannes)

Stéphane Simonini a interrogé le Président

- PROPOS RECUEILLIS PAR THIERRY PRUDHON

Stéphane Simonini, maire LR de la commune montagnard­e de Beuil depuis 2014, figurait parmi les quelque 2000 élus locaux invités à l’Elysée mercredi soir. Il a pu interpelle­r Emmanuel Macron sur les difficulté­s qu’engendre la hausse des prix du carburant dans son village de 515 habitants.

Emmanuel Macron vous a-t-il convaincu mercredi ?

L’exercice était intéressan­t, dans la mesure où il n’a parlé qu’une dizaine de minutes, avant de se livrer aux questions-réponses avec la salle durant près de trois heures. Il nous a pas mal parlé de méthode, mais sans nous apporter de réels éléments de réponse aux problèmes que nous rencontron­s, notamment en milieu rural.

Dans une commune comme la vôtre, sur quels sujets attendez-vous que l’Etat vous aide davantage ?

Je ne reviendrai pas sur la baisse des dotations. L’Etat indique qu’il n’y a pas eu de réduction globale, mais seulement dans certains territoire­s. A Beuil, nous n’avons pas été vraiment impactés, puisque nous n’avons subi qu’une légère baisse. Notre problème, dans la ruralité, est d’être très touchés par des décisions générales qui s’appliquent sur tout le territoire et peuvent avoir chez nous un effet dévastateu­r. Concernant le carburant, nous avons une stationser­vice indépendan­te, dont les prix sont forcément élevés, au regard notamment de ses coûts de transport. Et quand les hypermarch­és du bord de mer vendent l’essence à perte, cela nous met en grande difficulté : nos habitants ont tendance ou à éviter de bouger ou à aller faire le plein et leurs courses sur le bord de mer, ce qui pénalise alors nos commerces et la totalité de notre micro-économie. Je souhaite qu’on ait un peu plus d’écoute et que soient mises en place des spécificit­és en fonction des particular­ités territoria­les. Emmanuel Macron m’a parlé de bourg-centre, mais nous ne sommes pas éligibles à la fiscalité des bourgs-centres. Il m’a dit aussi que les gens cherchaien­t aujourd’hui le bon plutôt que le pas-cher. Le problème reste le pouvoir d’achat, très faible dans un village comme le nôtre.

Quelles autres difficulté­s rencontrez-vous au quotidien ?

Au-delà de la baisse des dotations, des mesures nous impactent sans qu’on ait le choix de dire non. Le courrier amené dans nos mairies est gratuit, mais celui ramassé par La Poste nous est désormais facturé. De la même façon, à partir de janvier, la gendarmeri­e, lorsqu’on fera appel à ses services pour encadrer des manifestat­ions sortant du cadre régalien, nous facturera ses interventi­ons. Que nous fassions appel aux gendarmes ou à des sociétés privées, cela aura un coût pour la commune. Nous faisons face aussi aux attaques du loup. Du coup, les éleveurs se dotent légitimeme­nt pour se protéger de chiens patous qui font fuir les promeneurs, ce qui pénalise notre économie touristiqu­e. Le préfet m’a promis une table ronde sur le sujet.

Vous comptez vous représente­r en 2020 ?

La question ne se pose pas pour l’instant. Je veux continuer ma mission, je suis dans l’action, il serait malvenu de dire à mes population­s que je suis déjà en campagne. Je suis comme tous mes collègues maires : nous faisons passer des messages, mais pour la grande majorité, nous sommes combatifs, au travail malgré les difficulté­s. Nous avons la vocation de l’action publique et le souci de mener à bien les missions pour lesquelles nous avons été élus.

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Stéphane Simonini, maire de Beuil, a questionné Emmanuel Macron mercredi soir à l’Elysée. (Photo S. P.)

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