Les métamorphoses du boulevard Jean-Hibert
Aujourd’hui, principal axe de circulation de la cité des Festivals, le boulevard Jean-Hibert connut une série d’aménagements successifs qui modifièrent profondément son aspect originel. À l’époque de son aménagement, en 1838, cette voie était nommée le « chemin du Riou au môle. » Comme cette appellation l’indique, il s’agissait là, de l’itinéraire emprunté par les charrois de sable et de pierres destinés au chantier de construction de la jetée du quai Saint-Pierre. Cette sente littorale bénéficiait d’une vue imprenable sur les îles de Lérins, la baie de la Napoule et les contreforts de l’Estérel. Nombre de citadins profitèrent alors ce cadre idyllique pour accomplir de longues promenades, au coeur d’un univers champêtre, composé de jardins et de carrés de vignes.
Un abattoir et un garage face à la mer
En quittant le quai, sur la droite, s’élevait l’abattoir qui donna dans un premier temps, son nom à cette nouvelle route. Au fil des mois et des travaux réalisés, la voie devenue carrossable fut rebaptisée boulevard Malakoff qui évoquait le souvenir de la division Mac-Mahon et la chute de Sébastopol, lors de la guerre de Crimée. De nouveaux aménagements effectués dans les années 1860 modifièrent encore l’ancien chemin littoral qui devint en un vaste boulevard, bordé d’arbres d’alignement et émaillé de bancs. La chaussée qui, au départ, mesurait à peine huit mètres de largeur en atteignit, in fine, près de vingt-cinq ! De belles demeures commencèrent à s’élever, face à la mer, dominant la plage qui, à l’origine, servait de sablière aux différents chantiers urbains. On y trouvait de nombreux piquets pour fixer le sable. Plus tard, on érigea un mur de soutènement pour stabiliser le bord de mer.
: l’ouverture à la circulation
La situation géographique du lieu initia un nouveau changement de vocable. Devenu le boulevard du Midi en 1866, l’axe prit le nom de Saint-Pierre de 1871 à 1896, en référence à la chapelle, placée sous ce vocable. En développement constant, la municipalité décida en 1903, de rendre hommage à Jean-Hibert, maire de Cannes et conseiller général, décédé l’année précédente. Progressivement remanié, le boulevard s’ouvrit à la circulation en 1912. À l’extrémité du quai, au numéro 2, un garage effectua longtemps des réparations et des locations de bicyclettes, avant d’être remplacé par l’hôtel Sofitel-Méditerranée. La plage demeura longtemps le domaine des pêcheurs, avant d’être investie par les touristes. Pour l’anecdote, en septembre 1989, fut organisée, pour la première fois, la course de natation du trophée de la Ville de Cannes. Une épreuve de quatre kilomètres et demi, dont le parcours consistait en un aller-retour de Cannes à La Bocca. Aujourd’hui, le boulevard reste le lieu privilégié des touristes et des autochtones qui peuvent s’adonner aux activités nautiques de leur choix ou se reposer dans le square Brougham créé en 1863.