COLÈRE ET CHAOS
Plusieurs rassemblements dans les Alpes-Maritimes, hier, notamment au péage d’Antibes. Paris dans la tourmente à cause des casseurs.
Nombreuses opérations dans le département. A Nice, plus de trois cents personnes ont bloqué l’aéroport, provoquant des bouchons monstres Quatorze interpellations en marge de la manif’
Quatorze personnes ont été interpellées, hier à Nice, en marge des manifestations des « gilets jaunes ». Des affrontements ont eu lieu au niveau du parc Phoenix, sur la promenade des Anglais. Pour libérer le secteur, les forces de l’ordre ont eu recours aux gaz lacrymogènes. Des échauffourées brèves, dues à une dizaine d’excités. Facilement repérables depuis le matin – pour la plupart à moto ou à scooter – ils s’étaient mêlés aux manifestants. Si l’on excepte ces faits isolés, qui n’ont pas fait de dégâts, la manifestation menée par les « gilets jaunes » s’est déroulée sans incidents notables hier. Elle a, en revanche, créé une pagaille monstre dans Nice. Quelque trois cents gilets jaunes partis de l’Allianz Riviera ont rapidement convergé vers l’aéroport, motos en tête, suivies par un long cortège de voitures klaxonnant, warnings allumés. Au coeur de la manif, Bernard, 64 ans, un retraité de Saint-Martin-du-Var. « Je n’en peux plus, confie-t-il, c’est pour cela que je suis là. » Bernard dit toucher une retraite de 1100 euros. « J’ai gagné 200 euros avec la baisse de la taxe d’habitation, mais j’en ai perdu 396 avec la hausse de mon loyer et celle de ma mutuelle. À cela, il faut rajouter le gasoil qui a augmenté pour faire le plein de ma Citroën C4. Même le prix de l’eau est plus cher ! » Bernard, qui a pris part aux blocages de l’aéroport, exprime son ras-le-bol. « On ne s’en sort pas. Mon fils rencontre aussi des difficultés, alors je l’aide financièrement. Résultat, j’ai dû prélever 500 euros sur mon livret “A” ce mois-ci. »
L’aéroport de Nice dans le chaos
Très rapidement, vers 11 heures le matin, l’aéroport de Nice a été plongé dans le chaos. Des centaines de passagers, pris au piège, ont dû quitter leur voiture pour rejoindre leur terminal à pied. Certains ont raté leur avion. Selon l’aéroport, seul un avion d’Emirates a été retardé. L’équipage, qui devait assurer la rotation, s’est, en effet, retrouvé coincé dans les barrages tantôt filtrants, tantôt bloquants. Scène surréaliste, les hôtesses, stewards et pilotes, ont finalement rejoint le terminal à pied, sous les applaudissements des « gilets jaunes ». Le préfet des Alpes-Maritimes, Georges-François Leclerc, a fait une apparition sur le dispositif policier, qu’il a parcouru en scooter pour mesurer l’ampleur des blocages. Carine, 52 ans, était des manifestants de l’aéroport. Cette maman de trois enfants travaille dans une société de nettoyage à Grasse. « Quand j’ai payé tout ce que j’ai à payer, il ne me reste que 150 euros à vivre pour le mois.» Carine explique qu’elle sacrifie les loisirs et les vacances. «Pour nous en sortir, mes enfants et moi mangeons des oeufs et des pâtes. Je n’y arrive plus.» Hier, c’était cette désespérance sociale, réelle, profonde, qui s’est exprimée à Nice comme ailleurs dans le département. Une colère qui ne faiblit pas et semble au contraire monter crescendo de manifestation en manifestation.