Nice-Matin (Cannes)

C’EST MAL BARRÉ

Édouard Philippe a annoncé, hier la suspension, pour six mois, des hausses de taxes sur les carburants, des tarifs de l’électricit­é et du gaz ainsi que du nouveau contrôle technique

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Edouard Philippe reporte de six mois l’entrée en vigueur des taxes sur les carburants, prévue au er janvier. Les «gilets jaunes» azuréens veulent davantage. Sinon, ils poursuivro­nt leur mouvement. Un bras de fer périlleux pour le Premier ministre qui pourrait politiquem­ent faire les frais de cette séquence.

Réclamée de longue date par les « gilets jaunes » et une partie de l’opposition, cette suspension momentanée, confirmée par Édouard Philippe, hier depuis Matignon, a pour but d’apaiser les esprits. Toutes les parties prenantes du dossier vont débattre, pendant six mois, de la meilleure façon de sortir de la crise actuelle.

Moratoire kezako ?

Déjà utilisé par le passé, sur les essais nucléaires et l’écotaxe notamment, le moratoire a pour but de donner le temps aux différents acteurs d’un dossier de remettre à plat l’utilité et les conditions d’applicatio­ns d’une loi ou d’une mesure. Pas sûr que ce moratoire satisfasse tout le monde. Le Premier ministre a également annoncé l’ouverture, du 15 décembre au 1er mars, d’un « large débat sur les impôts et les dépenses publiques » qui aura lieu au niveau national et sur tout le territoire. « Ce débat devra déboucher sur des solutions concrètes », a-t-il prévenu. « C’est maintenant le temps du dialogue », a conclu le chef du gouverneme­nt.

Insatisfac­tion chez les « gilets jaunes »

De nombreux « gilets jaunes » ont manifesté leur insatisfac­tion après l’annonce du moratoire. Benjamin Cauchy, l’une des figures du mouvement, a salué « une première étape ». Mais « les Français ne veulent pas des miettes, ils veulent la baguette au complet », a-t-il déclaré, en réclamant l’instaurati­on de « référendum­s réguliers sur les grands enjeux sociétaux ». Eric Drouet, une des figures des « gilets jaunes », n’est pas satisfait des annonces d’Edouard Philippe. «Ce n’est pas du tout ce qu’on attendait », a-t-il déclaré, appelant à une « revalorisa­tion du smic et au retour de l’ISF ». Ce chauffeur routier de Melun appelle à « retourner à Paris » samedi, « près des lieux de pouvoirs, les Champs-Elysées, l’Arc de Triomphe, Concorde ». Emmanuel Macron qui s’est rendu, hier, au Puy-en-Velay pour « témoigner personnell­ement et directemen­t de son respect et de son soutien aux agents » après l’incendie de la préfecture samedi, a été hué et conspué par une vingtaine de « gilets jaunes ». Le Président n’a fait aucune déclaratio­n.

Le patronat satisfait

Les organisati­ons patronales, pressées de voir l’activité économique reprendre son cours normal, ont accueilli favorablem­ent le moratoire sur les taxes. « C’était un préalable à l’engagement de négociatio­ns entre tous les acteurs concernés et les représenta­nts de l’Etat, en vue de remettre à plat les différents prélèvemen­ts obligatoir­es qui pèsent à la fois sur les Français et sur les entreprise­s », a indiqué l’U2P dans un communiqué. Selon Les Echos, le patronat sera toutefois vigilant sur les solutions qui pourraient émerger de la grande concertati­on annoncée par le gouverneme­nt : oui à l’évolution du pouvoir d’achat, mais « la solution ne pourra venir se traduire par un alourdisse­ment de la charge des entreprise­s », prévient d’emblée l’U2P.

Castaner appelle à ne pas manifester samedi

Hier, le ministre de l’Intérieur, auditionné par la commission des lois du Sénat sur les violences de ce week-end a appelé les « gilets jaunes » à ne pas se rendre samedi à Paris. Il est revenu sur les « adaptation­s » qu’il souhaite apporter pour la prochaine journée de mobilisati­on. « Nous allons mobiliser en France des forces en nombre supplément­aires aux 65 000 qui ont été mobilisés, a-t-il déclaré.

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