À Antibes: «C’est juste reculer pour mieux sévir»
Le moratoire ? Une « mesurette » afin de « reculer pour mieux sévir par la suite. »Du côté des « gilets jaunes » antibois, pas question de lâcher prise aux abords du rond-point de Provence. Quelques heures après l’annonce de Matignon, la grogne ne s’amoindrit aucunement. Et les klaxons de soutien se collectionnent. À côté du sapin de Noël décoré de rubans… jaunes, les citoyens ne reculent pas. « Ces annonces ne changent en rien nos actions. Nous allons poursuivre le mouvement », lance Joaquin aux côtés des manifestants qui continuent à se relayer jour et nuit sur ce fief. Avec, chacun, l’intention de partager sa colère. « Il faut dire à eux qui nous gouvernent que le peuple a faim », lance un père de famille décidé à ne pas plier : « Le peuple va venir reprendre ce qu’ils nous ont pris depuis tant d’années. Regardez
juste, si je veux offrir des cadeaux de Noël à ma fille de dix ans, je dois faire un crédit
alors que je travaille ! » Ras-lebol? Galère? Des euphémismes. Gilet estampillé «Bloc 06 600 » sur le dos, David Lerminez avance la métaphore : « C’est pour que l’on sache
aussi s’identifier et s’organiser ce nom. C’est une référence à Hunger Games (1). Bon, on est pacifiques nous. Mais quand on y pense, il y a encore quelques soirs on était dans notre canapé et maintenant on est ici au coin du feu à la nuit tombée. Je suis inquiet pour ma fille, elle vient d’avoir 18 ans : c’est quoi son avenir ? » Derrière les revendications de chacun – dépassant largement la thématique de la taxe sur le carburant –, des dénominateurs communs. Et ce même dégoût face à l’attitude de l’Élysée : « Le président envoie ses ministres faire le sale boulot. C’est aberrant… » Retraités, jeunes, actifs : on le sait, il y a autant de «gilets jaunes» que de luttes. Et c’est justement en pensant à la suite que les réflexions fusent. Comme celle de Jean-Sébastien Lallemand : «Maintenant il faut construire quelque chose de concret. Si le maire pouvait organiser un vote avec des listes de revendications, chacun pourrait exprimer ses doléances. Et même les étudiants qui n’ont pas encore la majorité devraient pouvoir participer: c’est aussi leur futur tout cela. Une telle démarche pourrait prendre place dans chaque ville de France auprès des concitoyens. » Une voix s’élève : «Ce combat, c’est celui de tout le monde. 1. OEuvre littéraire et cinématographique autour d’une insurrection populaire ayant dévié sur une guerre civile. Dans ce récit, les gouvernants contrôlent le peuple par la peur.