Nice-Matin (Cannes)

La prunelle de leurs yeux

- PHILIPPE DUPUY

PUPILLE

De Jeanne Herry (France). Avec Sandrine Kiberlain, Gilles Lellouche, Élodie Bouchez. Durée :  h . Genre : drame. Notre avis : Théo est remis à l’adoption par sa mère biologique le jour de sa naissance. C’est un accoucheme­nt sous X. La mère à deux mois pour revenir sur sa décision… Ou pas. Les services de l’aide sociale à l’enfance et le service adoption se mettent en mouvement. Les uns doivent s’occuper du bébé dans ce temps suspendu, cette phase d’incertitud­e. Les autres doivent trouver celle qui deviendra sa mère adoptante. Elle s’appelle Alice (Élodie Bouchez) et cela fait dix ans qu’elle se bat pour avoir un enfant… Son film précédent (avec Sandrine Kiberlain en fan éperdue de Laurent Lafitte) s’appelait Elle l’adore et on l’aimait bien. Mais celui-là, on l’adore pour de bon. Avec Pupille, Jeanne Herry (dont il nous plaît de rappeler qu’elle est la fille de Julien Clerc et Miou-Miou, les chiens ne font pas des chats) signe le film français le plus juste et le plus émouvant de l’année. Le plus utile aussi car, non seulement on y apprend beaucoup de choses sur l’adoption et les services qui s’occupent, mais on en sort avec une foi renouvelée dans notre système social. Ce qui, en ces temps de colère jaune, n’est pas la moindre des choses. Comme le dit Gilles Lellouche, formidable en père d’accueil : « Après avoir vu ce film, vous serez heureux de payer vos impôts ! » Il faudrait, en effet, avoir un coeur de pierre pour ne pas fondre devant le dévouement extraordin­aire de ces travailleu­rs sociaux qui considèren­t leur pupille comme la prunelle de leurs yeux. Et devant cette femme (Elodie Bouchez ressuscité­e), qui l’a attendu toute sa vie. On a souvent écrit que les bons sentiments ne faisaient pas de bon cinéma. Jeanne Herry est l’exception qui confirme la règle. Elle filme cette aventure minuscule mais cruciale en évitant tous les pièges qui auraient pu en faire un insupporta­ble mélo ou un mauvais film-dossier. Avec une précision documentai­re, mais une si grande empathie qu’on en sort forcément bouleversé. Tous les acteurs sont à tomber par terre (y compris les bébés), mais c’est Gilles Lellouche qui ramasse la mise. Après avoir applaudi sa reconversi­on en réalisateu­r avec Le Grand Bain, on redécouvre le comédien. C’est son année ! Grand chelem en vue aux César. Après Pour une femme () et Arrête ton cinéma (), Diane Kurys signe un nouveau portrait de femme avec cette comédie en forme de road movie. Fanny Ardant y incarne une mère

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