L’antenne de la discorde au Suquet
Malgré les 3 000 signatures de la pétition et les 4 procédures engagées, Free mobile a posé son antenne. 3 500 élèves à proximité et des appartements qui perdent beaucoup de valeur…
L’antenne a été livrée un matin vers 2 heures. Lorsque les habitants de la rue des Suisses (Lou Suquétan et voisins) se sont réveillés, elle était en cours de montage. Il a donc bien fallu se rendre à l’évidence : la proximité de 3 500 enfants dans le secteur (Stanislas, Méro, Montchevalier), les plus de 3 000 signatures de la pétition, les quatre procédures n’ont pas fait reculer l’opérateur Free mobile. Les habitants sont écoeurés : « C’est un déni de démocratie… Et c’est criminel ! » s’émeut Françoise Guendon propriétaire d’un appartement dans le quartier. « Je ne peux même plus l’occuper, avec le bouquet d’antennes déjà existant sur les Orangers, je suis devenue hypersensible… Je ne comprends pas que les arguments déployés ne soient pas entendus. Le Conseil d’État en rejetant le principe de précaution, a favorisé l’implantation téléphonique… » « On va nous cramer le cerveau » déclare, en colère, cette petite élève de Stanislas. De la colère, on en entend partout s’exprimer depuis l’installation. Cette maman par exemple, Ana Pouvrau, qui revient sur la nécessité que les pouvoirs publics (lire notre encadré) montent au créneau, « Le maire n’est pas impuissant comme il l’a déclaré (...) La ville de Cannes devrait emboîter le pas à Paris, qui va réduire de 30 % l’exposition aux rayonnements électromagnétiques des Parisiens. »
« Il faudrait amender la loi Macron »
Une charte renouvelable entre la mairie et l’opérateur pourrait être signée dit-elle. « Ces derniers agissent, pour l’heure, uniquement pour leur propre intérêt sans prendre aucunement en compte la santé des jeunes enfants et des citoyens. Il faut que cela cesse et que leur activité se fasse désormais dans le respect de la santé des Cannois. » Plus généralement, elle revient sur la loi Macron du 6 août 2015 qui doit, insiste-t-elle être amendée, « afin que les copropriétaires qui ne souhaitent pas l’implantation d’antennes sur leur résidence — voire sur des résidences alentour —retrouvent voix au chapitre. À Cannes, où les biens immobiliers sont particulièrement chers, il n’est pas normal par exemple que la décision de certains copropriétaires de laisser s’implanter des antennes ait pour effet une dépréciation de 30 % des biens de leurs voisins qui ne le souhaitent pas. » Même amertume dans l’immeuble d’en face. La Suqétanne, au 16-18 rue des Suisses, JeanLouis Blanchet qui réside au sixième, attend le retour du référé qu’il a déposé il y a quelques semaines. « J’ai demandé que les travaux ne démarrent pas. Et j’ai remarqué que depuis une semaine, le montage n’avait pas évolué. » Le copropriétaire ne lâchera rien : « Il y a le préjudice sanitaire et le visuel. Mon bien risque de perdre 150 000 euros….» Détermination également du côté des chefs d’établissement. Régis Brandinelli responsable de l’institut Stanislas, promet de ne pas lâcher le dossier. « Nous avons engagé un avocat spécialisé dans le domaine. Avec lui, nous allons travailler sur les risques que cela encourt pour les jeunes et attaquer les copropriétaires de la résidence. » Régis Brandinelli assure aussi que « des courriers vont partir à la communauté d’agglomération, aux députés dont nous dépendons et nous n’hésiterons pas à monter jusqu’au ministre. » Même incompréhension que les habitants et parents quant à cette installation : « J’ai déjà cinq bûchettes sur mon téléphone, la
preuve que nous captons bien dans le secteur, je ne vois pas ce que l’apport de nouvelles antennes va améliorer… » Et pourtant…