Grande Paix ou quand l’espoir renaît d’un monde en chaos
Interview Dominique Czapski met en scène l’oeuvre d’Edward Bond qui se joue dès ce soir au théâtre Antibéa. Un final en beauté qui clôt ce dernier volet de Pièces de guerre
Après une quinzaine de représentations, l’oeuvre d’Edward Bond, Grande Paix écrite en 1984 en pleine guerre froide est jouée pour la dernière fois dès ce soir et jusqu’à dimanche au théâtre Antibéa. Dominique Czapski, metteur en scène et auteur d’une exposition consacrée à l’oeuvre (1), en parle comme aux premières heures, avec force et conviction pour amener le spectateur à la réflexion.
Grande Paix, c’est quoi ?
C’est un chef-d’oeuvre. Edward Bond est une référence, au même titre que Shakespeare avec Hamlet, sur la question de l’existence de l’humanité.
Et s’il fallait pitcher un peu l’oeuvre ?
C’est l’histoire de l’errance d’une mère qui a abandonné son enfant. On se retrouve dix-sept ans après l’ère nucléaire. Tout a été décimé par le souffle de l’explosion. Sur son chemin, elle va croiser une femme enceinte.
Destruction, révolte, environnement… tout ceci est d’actualité !
Les poètes ont une vision juste des événements et du futur. Edward Bond a su décrire à l’avance ces problématiques.
C’est-à-dire ?
On a cru avoir le monopole de la nature, aujourd’hui le plastique fait partie de notre chaîne alimentaire. On est responsable de la hausse du réchauffement climatique de deux degrés qui va survenir dans les décennies à venir. Avec les conséquences migratoires, environnementales et sanitaires que cela va engendrer.
Y a-t-il un espoir ?
Dans la deuxième partie de l’oeuvre, il y a de l’optimisme. La femme aide une mère à accoucher. Et dans ce monde détruit, les gens se retrouvent autour de la fabrication du pain.
Pour arriver à ce renouveau : que faut-il faire ?
Il faut le reconstruire. Bond propose une réorganisation du monde autour du partage.
Le partage, un mot-clé ...
C’est ce que les « gilets jaunes » demandent. Plus de partage et surtout être écoutés et entendus de la part de nos politiques.