« Le risque terroriste n’a pas faibli »
Il est le tout nouveau « Monsieur anti-terrorisme » de Christian Estrosi. Mais avant d’être nommé cette semaine conseiller spécial en charge de la prévention de la radicalisation et de la lutte contre le terrorisme par le maire de Nice, Jean-Charles Brisard préside le Centre d’analyse du terrorisme, un think tank en pointe sur le sujet. Il livre son analyse sur la fusillade de Strasbourg.
Dans quel contexte de menace terroriste survient ce drame ?
Il s’inscrit dans ce risque terroriste qui pèse sur la France, et qui n’a pas faibli. Il y a moins d’attentats, c’est vrai, mais toujours autant d’attentats déjoués en France et en Europe. Même si Daesh a perdu du terrain, l’idéologie de tels groupes survit, avec individus faisant l’objet d’un FSPRT [ndlr : fichier des signalements pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste] dans notre pays. Un niveau jamais atteint !
Peut-on penser qu’il y a eu un relâchement dans la veille antiterroriste ?
Il n’y a pas eu de relâchement. Les dispositifs de l’Etat ont été adaptés à cette menace terroriste. On a considérablement renforcé les moyens humains et matériels. On a plutôt délaissé le reste, ce qui n’était pas terroriste.
Cette attaque survient dans une zone connue en matière de radicalisation, comme la Côte d’Azur...
Le Bas-Rhin est connu depuis longtemps pour être un foyer de radicalisation. Près de % des radicalisés français sont originaires de ce département, qui compte plus d’une cinquantaine de départs vers la zone irako-syrienne. D’importantes filières ont été démantelées. L’une d’elles impliquait les frères MohamedAggad, parmi lesquels figure l’un des assaillants tués au Bataclan.
Pourquoi la transmission de l’information autour des fameux « fichés S » est-elle toujours aussi difficile ?
Il s’agit d’outils de renseignement, de suivi des individus, qui permettent d’alerter un service. Un caractère secret y est attaché. La circulaire signée par Christophe Castaner le novembre est une première étape, qui vise à renforcer le dialogue entre le préfet et les maires. Nous allons travailler à ce que s’établisse une relation de confiance.
Quels enseignements pensezvous tirer de ces événements pour Nice ?
Encore une fois, c’est une grande ville avec un lieu symbolique qui est visée. Les villes doivent devenir les premiers acteurs de cette lutte contre la radicalisation. Nice est pilote dans un projet de sécurisation des espaces publics, qui va permettre de tester un certain nombre d’innovations. Cela passe par une évolution du cadre règlementaire et législatif imposé par la CNIL [commission nationale informatique et libertés].