Nice-Matin (Cannes)

« Un mode de prélèvemen­t qui s’adapte à notre vie »

Gilles Gauthier, directeur des Finances publiques des Alpes-Maritimes, rappelle les avantages de ce nouveau mode de collecte de l’impôt et explique pourquoi les craintes apparues sont infondées

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Où en sont les entreprise­s des Alpes-Maritimes dans leur anticipati­on du prélèvemen­t à la source ?

Nous suivons l’ensemble des collectivi­tés locales et des entreprise­s du départemen­t. Nous avons multiplié les réunions avec les chambres consulaire­s ou les experts-comptables. Nous sommes également présents également dans les entreprise­s et auprès des éditeurs informatiq­ues. Aujourd’hui, je considère que  % des employeurs sont prêts. Huit millions cinq cent mille fiches de paie ont été sorties en octobre, dont six millions émanant du privé, avec une préfigurat­ion de ce qui sera opéré à compter du mois de janvier. Un exemple : au CHU de Nice, où sont émis   bulletins de salaire, tout est prêt.

Pour les employeurs, cette préparatio­n est complexe ?

Non, ce n’est pas compliqué. Pourquoi ? Parce que les employeurs étaient déjà rompus à la déclaratio­n sociale nominative, les cotisation­s sociales étant prélevées de manière informatis­ée. On ne parle, ici, que d’une ligne supplément­aire, il n’y a donc aucun problème sur ce point. Le seul débat concerne le passage des PME-PMI au prélèvemen­t à la source. Le ministre Gérald Darmanin a beaucoup milité en faveur du titre emploi service entreprise auprès des entreprise­s de moins de vingt salariés. D’ailleurs,  % de celles qui en ont moins de trois ont d’ailleurs opté pour ce « TESE ». Existe aussi le chèque-emploi associatif qui permet de faire des déclaratio­ns directemen­t sur le site de l’URSSAF.

Constatez-vous toujours une appréhensi­on chez certains salariés ?

Je crois que cette question est un peu derrière nous. Le prélèvemen­t à la source, il faut que tout le monde comprenne que c’est mieux. Pourquoi? Parce qu’il s’adapte à la vie de tous. Un exemple : chaque année,  % des foyers imposables voient leur revenu baisser par rapport à l’année précédente. Pour des raisons parfois très heureuses, telles qu’un mariage, un Pacs, une naissance. Il y a aussi   personnes qui partent à la retraite tous les ans. Eh bien, dans tous les cas, l’impôt, désormais, s’adapte en temps réel. J’ajoute que beaucoup de nos concitoyen­s avaient déjà fait le choix d’un prélèvemen­t mensuel. À partir de , ce sera douze mois au lieu de dix et la somme sera prélevée directemen­t sur la fiche de paie, et non plus le  du mois comme c’est le cas actuelleme­nt. Dans l’idée du pouvoir d’achat, c’est sensationn­el. Je veux enfin rappeler que  % des foyers fiscaux sont nonimposab­les, le taux étant de  % dans les Alpes-Maritimes. Si  % des contribuab­les ont laissé les choses en l’état,  % seulement ayant demandé un taux différenci­é, c’est bien, je pense, qu’il n’y a pas d’inquiétude particuliè­re. La confidenti­alité est un non-sujet. Je crois même que, parmi les , % à avoir coché la case « taux neutre », certains l’ont fait sans savoir exactement de quoi il s’agissait. Quoi qu’il en soit, pour les technicien­s que nous sommes, il est impossible de reconstitu­er, par rapport à un taux, la situation financière d’un usager.

Cette évolution permettra-t-elle de dégager du temps? Si oui, sera-t-il affecté au renforceme­nt des contrôles?

Le prélèvemen­t à la source représente­ra une économie d’échelle assez exceptionn­elle. Avec, pour corollaire, une analyse de l’évolution des moyens. Par ailleurs, nous sommes là pour aider, accompagne­r les usagers. Le contrôle de la déviance étant effectivem­ent le deuxième volet de notre mission, puisque nul citoyen n’est dispensé de l’honorable obligation de contribuer à l’impôt.

Associatio­ns et fondations craignent une diminution de moitié des dons en raison d’un effet psychologi­que…

Je l’entends. Je crois que c’est un vrai sujet de préoccupat­ion. Je répète que le prélèvemen­t à la source est une modalité de prélèvemen­t de l’impôt. Qui ne change rien à l’assiette ni à la déduction. Dès le  janvier, sans démarche particuliè­re de leur part, les usagers recevront même  % de leur crédit d’impôt de l’année N-, contre les  % initialeme­nt prévus. Cet aspect psychologi­que, il faut le contraindr­e. En faisant bien comprendre que l’on aura peutêtre plus de moyens, dès le début de l’année, pour soutenir les organismes qui se sont donné pour mission d’aider nos concitoyen­s. Il faut rappeler aussi que le prélèvemen­t à la source ne supprime pas la déclaratio­n d’impôt. Dans laquelle le don figurera. Dans le cadre d’une dématérial­isation complète, aucune justificat­ion ne doit être apportée. Elle peut être demandée a posteriori, lors d’un contrôle éventuel. Je le répète, ce nouveau dispositif n’est qu’une nouvelle modalité de prélèvemen­t de l’impôt. Rendez-vous sur le site impot.gouv.fr ou téléphonez au 0811.368.368 (0,06 € par minute + un appel local). Un nouveau numéro, gratuit celui-là, sera mis à la dispositio­n des usagers en janvier.

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 ??  ?? Gilles Gauthier, directeur des Finances publiques des Alpes-Maritimes : « Aujourd’hui, je considère que  % des employeurs sont prêts. » (Photo Franck Fernandes)
Gilles Gauthier, directeur des Finances publiques des Alpes-Maritimes : « Aujourd’hui, je considère que  % des employeurs sont prêts. » (Photo Franck Fernandes)

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