Perdue entre chapitres et pages, dans quel état j’erre ?
Avec Délivrez-moi, Nelly B. offre un seul en scène mettant en exergue le pouvoir de la littérature. Pétillante création à découvrir au Tribunal dès mercredi soir
Prisonnière d’une bibliothèque ? Ce n’est franchement pas le moment. Et pourtant... Avec Délivrez-moi, Nelly B. offre une petite pépite en créant une distorsion temporelle. Que faire lorsque l’on se retrouve face à soi-même ? Réponse en rires dès mercredi soir au théâtre Le Tribunal.
D’où vient cette création ?
D’une envie de revenir au théâtre et de raconter des histoires. J’ai fait pas mal de stand-up, beaucoup de scène sous forme de sketchs et j’avais envie d’autre chose. D’ailleurs, au départ, cette création était une succession de sketchs avec chaque fois un livre différent. Puis, il y a un peu plus d’un an, j’ai voulu goûter à nouveau au drame. Je voulais que naisse le rire par le drame. Et non pas forcément chercher la blague. Pour ce faire, j’ai voulu un autre regard, c’est pour cela que j’ai choisi un auteur masculin. Je voulais que les choses s’affinent. Parce qu’ici, le personnage se retrouve au pied du mur de sa vie. Elle qui est toujours prise dans le travail, elle va être obligée d’arrêter le temps et faire le point sur sa vie. Elle se retrouve alors face à ses problèmes de femme, de potentielle mère ou pas…
Prise au piège !
Elle commence le spectacle en se retrouvant enfermée dans une bibliothèque alors qu’elle avait toute une soirée programmée. Donc elle a l’impression qu’elle va tout louper. Et se retrouve confrontée à elle-même…
Et elle s’appelle Ariane, c’est ça ?
Pour le fil, oui. Celui qu’elle suit tout au long de son cheminement jusqu’à la sortie… Mais on n’est pas forcément obligé d’y voir ce clin d’oeil.
Elle vous ressemble ?
Dans l’apparence j’ai pris le contre-pied de la femme-enfant que je suis au quotidien : elle est toujours perchée sur des talons de huit centimètres, c’est une vraie working-girl. Je la voulais assez différente, justement. Parce qu’inconsciemment elle représente ces femmes que j’admire : elles évoluent dans des milieux masculins tout en restant féminines et en menant les choses de front. Ensuite, émotionnellement parlant, je me suis servie de ce que je peux vivre en tant qu’épouse, en tant que maman. Je me suis écrit ce spectacle sur-mesure. J’adore jouer avec toutes les émotions de la palette : du doute à la colère en passant par la folie. Je m’amuse.
Et vous interprétez dix-huit personnages en plus…
Elle n’a pas la culture des livres. Ce qui lui parle ce sont les chiffres, la bourse. Alors, quand elle va tomber dans les bouquins elle va y voir des résonances avec sa vie. Elle va trouver les livres au hasard mais le hasard n’existe pas. Et les personnages qu’elle va découvrir vont la traverser, effectivement.
Vous utilisez des ouvrages existants ou des récits inventés de toutes pièces ?
Ils existent tous. On retrouve notamment un conte africain, la Bible, Le Crime de l’Orient-Express, La Nuit des temps… Il y a une vraie possibilité d’évasion avec la lecture. Je trouvais ça intéressant d’explorer le fait qu’elle nous renvoie des messages sur notre propre vécu. Des livres peuvent changer notre vie, j’en ai fait l’expérience…
Quels sont les livres qui ont changé votre vie ?
La Vie éternelle de Jacques Attali. Ce qui est drôle c’est que j’ai essayé de le relire des années après l’avoir découvert eh bien… Je n’ai pas dépassé les dix pages : il n’avait plus sa place dans ma vie. Ensuite, je recommande à tout le monde : Et j’ai su que ce trésor était pour moi de JeanMarie Laclavetine. C’est fabuleux: des histoires dans les histoires, avec un homme au chevet de sa femme dans le coma qui raconte et invente...
Vous êtes du genre lectrice compulsive ?
Ah j’ai toujours un bouquin dans mon sac. J’en lis deux, trois en même temps. Sur ma table de chevet : une mini-bibliothèque. Il y a autant du documentaire, des romans, des vies de gens…
Pensez-vous écrire un livre un jour ?
J’aime beaucoup écrire des chroniques, j’ai eu une très bonne expérience sur France Bleu pendant Avignon. J’ai pris un peu de confiance en moi, j’aime écrire le bon mot, le bon vocable au bon moment. Mais de là à écrire un livre… Ce n’est ni un rêve, ni un objectif. Mais qui sait ?
Savoir +
Délivrez-moi, avec Nelly B., mercredi, jeudi, vendredi et samedi à 20 h 30 au théâtre Le Tribunal, 5 place Amiral-Barnaud à Antibes.Tarifs : 11 à 15 euros. Rens. 06.43.44.38.21.