Nice-Matin (Cannes)

Deux ans plus tard…

- de Thierry Prudhon

L’exercice était trop tentant. Relire (du moins refeuillet­er) Révolution, le livre-projet d’Emmanuel Macron paru fin novembre , à l’aune de ses tracas du moment. Le Président aura été servi au-delà de ses espoirs, lui qui appelait de ses voeux « un échange direct » avec les Français, à l’écoute de «leurs colères». Bingo ! Il faut rendre cette justice à Macron : il n’aura pris personne en traître. Une souplesse accrue de la législatio­n sur le travail, la mutation de l’ISF pour favoriser l’entreprise, la priorité donnée à l’école, la volonté de réduire l’influence syndicale… Tout cela, y compris une fiscalité écologique, figurait noir sur blanc dans Révolution. Dans ce mouvement de balancier devenu sa marque de fabrique autant que son talon d’Achille, le candidat évoquait en parallèle son souci que le travail paie davantage et permette de mieux vivre. « Faire plus pour ceux qui ont moins » et « réconcilie­r les France », proclamait-il en têtes de gondole, sans toutefois aller très avant dans les propositio­ns tangibles. Cette empathie envers la France qui se lève tôt pour gagner misère est ensuite restée lettre morte. Ou plutôt, les intéressés n’ont-ils pas trouvé leur compte dans les mesures de réduction des charges. Et comme, emporté par sa pente naturelle, le lauréat a exhibé sans fard sa fibre plus libérale que sociale, la rupture fut consommée.

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