« Gilets jaunes » : l’exécutif détaille ses mesures
Le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé que la hausse de 100 euros pour certains salariés payés au Smic sera versée « dès le 5 février »
Édouard Philippe a précisé hier les modalités des mesures en faveur des «gilets jaunes», au lendemain d’une forte baisse de leur mobilisation qui fait espérer au gouvernement une sortie de crise après un mois de chaos. Dans un entretien au quotidien Les Echos à paraître aujourd’hui, le Premier ministre indique que le gain de 100 euros net pour les salariés proches du Smic, mesure phare annoncée par Emmanuel Macron, passera «par une hausse massive de la prime d’activité » qui sera versée « dès le 5 février pour compléter le salaire de janvier ». Cette hausse ne concernera donc pas tous les salariés au Smic car la prime d’activité tient compte de l’ensemble des revenus du ménage, mais « nous allons élargir le nombre de foyers éligibles, qui passera de 3,8 millions à 5 millions », a précisé le Premier ministre. « Nous avons préféré cette solution à une baisse des cotisations salariales, qui était plus injuste et qui, à ce titre, a déjà été censurée par le conseil constitutionnel », a-til ajouté.
milliards
Au total les mesures annoncées par Emmanuel Macron lundi soir, parmi lesquelles figurent aussi les heures supplémentaires défiscalisées ou l’exemption de hausse de CSG pour les retraités gagnant moins de 2 000 euros, vont se chiffrer à environ «10 milliards d’euros ». Le déficit, prévu à 2,8% en 2019, devrait en conséquence se creuser légèrement et atteindre 3,2% du PIB, a indiqué Edouard Philippe, puisque le gouvernement ne touchera pas à la transformation du CICE en baisse des charges, comme le réclamaient certains dans la majorité. Afin d’atténuer les conséquences pour les finances publiques de ces mesures, le gouvernement a décidé de limiter la baisse du taux d’impôt sur les sociétés à celle de moins de 250 millions d’euros de chiffre d’affaires l’année prochaine. Elle sera décalée d’un an pour les autres, a précisé le Premier ministre au quotidien économique. Ces mesures doivent être présentées en Conseil des ministres mercredi avant de passer à l’Assemblée nationale jeudi et au Sénat vendredi. Le Premier ministre s’est déclaré favorable sur le principe à un référendum d’initiative citoyenne (RIC), une des principales revendications des « gilets jaunes », qui peut être un « bon instrument dans une démocratie » mais « pas sur n’importe quel sujet ni dans n’importe quelles conditions ». Sur la forme, le Premier ministre s’est fendu, comme le président lundi, d’un mea culpa en concédant des «erreurs» dans la gestion d’une crise qui secoue le pays depuis un mois.