Pierre Laffitte: «Sophia oeuvre à l’avenir de la planète» Idées
Surconsommation d’énergie, hausse du niveau de la mer... Bien des solutions passeront par l’innovation et... par Sophia, selon le fondateur de la technopole. Il milite pour «une nouvelle utopie»
Surconsommation d’énergie, solutions apportées par l’innovation, création d’une association des villes côtières pour lutter contre la hausse du niveau de la mer... Pierre Laffitte, fondateur de Sophia Antipolis, profite du lancement du projet immobilier d’envergure éco-énergétique Ecotone pour livrer sa vision du futur. Un Sophia Antipolis, cinquante ans après sa naissance, toujours plus aligné avec les valeurs de l’environnement, en contributeur de son avenir.
«Nouvelle utopie»
« Dès le lancement de Sophia Antipolis, il y a cinquante ans, nous souhaitions aménager un site exceptionnel en préservant l’environnement. Aujourd’hui les cinquante ans de la technopole sont l’occasion d’un nouveau défi! Il nous faut préserver l’esprit initial, mais s’ordonner autour d’une nouvelle utopie. »
«Impossible? Pas sophipolitain ! »
« Il y a 50 ans, le défi était déjà jugé impossible : transformer une garrigue de 2000 hectares en un lieu qui génère près de 6 Mds par an de chiffre d’affaires. Aujourd’hui, si nous mobilisons par une volonté commune tous les réseaux de nos organisations, nous pouvons encore relever le défi. Il faut mobiliser l’opinion, en attaquant la cause : la surconsommation d’énergie. »
« L’innovation contre la surconsommation »
« La taxation semble conduire à une révolte, voire une révolution parce que ses effets touchent des citoyens exaspérés par l’injustice sociale. Par contre, l’aide financière à l’industrialisation de certaines innovations serait bienvenue. La torche à plasma mise au point à Sophia Antipolis, après 25 ans d’études, par une équipe de l’École des Mines, permettrait de diviser par cinq la consommation de l’énergie pour la filière hydrogène, remplaçant le pétrole ou le kérosène, générateur de gaz à effet de serre. Diminuer la surconsommation de pétrole, gaz et charbon est possible grâce aux innovations et par la mobilisation de chacun. »
« Le niveau de vie de l’humanité »
« Les questions de la transition écologique sont prioritaires. Il s’agit du niveau de vie de l’humanité. Quand Nicolas Hulot avait décidé de lancer ZEN 2050, zéro émission nette de gaz à effet de serre pour la France en 2050, c’était sérieux et nécessaire de montrer la voie. »
% du PIB
« La question n’est pas écologique. C’est aussi la vie économique qui est en jeu. Déjà, en 1997, les dépenses liées aux tempêtes, typhons, inondations, sécheresses, feux de forêt ont coûté aux Etats et assurances 1% du PIB mondial. Cela ne fait que commencer. On sera à plus de 3%, même sans emballement, dans deux ans. Donc, une perte de croissance, sauf action importante pour toutes les activités liées aux possibilités de stockage, destruction, ou diminution du CO², de l’usage inutile d’énergie. L’emballement climatique est certain si l’on dépasse en 2 050 les deux degrés d’augmentation moyenne de la température de surface des océans. »
Les nouvelles formes d’entreprise
« Les bétons ultra-isolants de l’École des Mines, les tissus photovoltaïques à multiples usages, y compris agricole, de Solar Cloth,... Les recherches sophipolitaines démontrent le haut potentiel. Ces innovations pourraient bénéficier des nouvelles formes d’entreprises à objet social étendu, qui ont le mérite d’avoir dans leur statut le fait qu’elles assurent la représentation des investisseurs, du personnel, du management, des fournisseurs et de l’environnement. Sophia Antipolis montre la voie ! Ces innovations permettraient de créer des emplois à exporter dans le monde entier ! »
Une association des villes côtières
« Je souhaiterais, qu’à l’occasion des cinquante ans de Sophia Antipolis, se crée une Association des Villes Côtières à l’échelon national voire international. Elle permettrait d’éviter l’augmentation du niveau de la mer de plus de 10 à 20 mètres. Avec l’ensemble des acteurs concernés, grâce à Sophia Antipolis et l’ensemble des parcs scientifiques mondiaux, on peut travailler à l’avenir de la planète. C’est une lutte de bien commun que les “gilets jaunes” pourraient rejoindre. » Norah Luttway, créatrice de la marque Noliju.