« GILETS JAUNES » : GROSSE PAGAILLE SUR L’A8
Les manifestants, qui voulaient rejoindre la frontière italienne depuis Nice, se sont fait piéger par les autorités qui ont fermé des entrées d’autoroute. Ce qui a provoqué de gros bouchons entre Nice et Menton.
Pour une belle pagaille, ce fut une belle pagaille. Pourtant, au départ de leur rassemblement depuis l’Allianz Riviera à Nice, hier matin, les « gilets jaunes » étaient moins d’une centaine. On avait déjà vu, lors d’autres samedis, des regroupements de plus de 300 personnes s’élancer depuis le stade niçois. La manifestation devait rejoindre la frontière italienne. Les autorités en ont décidé autrement en piégeant littéralement les manifestants. Alors que la manif’ s’ébranlait tout juste, peu après onze heures du matin, l’entrée Nice Saint-Isidore de l’autoroute A8, voisine du lieu de rassemblement, était subitement fermée. Obligeant les « gilets jaunes » à s’orienter vers l’entrée Saint-Augustin.
Les gendarmes mettaient dans le même temps en place des fouilles quasi systématiques des véhicules. Mais aussi un filtrage, des contrôles d’identité, aussi bien à Nice-Ouest qu’au péage de La Turbie. « Gilets jaunes », journalistes, touristes, Niçois, même combat. Résultat : une pagaille monstre.
Piéger les manifestants
Dans le même temps, plus à l’est, les autorités faisaient également fermer les entrées Roquebrune et Menton de l’A8. L’objectif était clair : empêcher les manifestants d’accéder à la frontière. Selon le préfet, le risque de trouble à l’ordre public était réel, en raison de manifestations non déclarées.
Il fallait, vers midi, près d’une heure pour faire deux petits kilomètres sur l’A8 dans la plaine du Var. Le bouchon s’est étiré sur des dizaines de kilomètres dans le sens Aix-Italie, piégeant non seulement les « gilets jaunes », mais aussi les vacanciers qui attaquaient tranquillement leur premier jour de congés.
Le point d’orgue de la journée devait être la venue de « Fly Rider », figure des « gilets jaunes ». Maxime Nicolle, complotiste assumé (1), qui avait nié le caractère terroriste de l’attentat de Nice, a dû finir son périple à pied pour rejoindre la frontière de Garavan, à Menton.
Des frictions s’en sont suivies avec les policiers qui barraient le passage. Seuls une trentaine de « gilets jaunes » étaient présents. La frontière était en effet depuis le début de l’aprèsmidi sous haute surveillance. Les deux-roues immatriculés en France, circulant vers l’Italie, étaient tout simplement sommés de faire demitour. Face aux policiers lui barrant le passage, « Fly Rider » s’est agacé. « Vous m’empêchez de passer, c’est illégal », leur a-t-il lancé. « Votre manifestation n’est pas déclarée », a rétorqué le commissaire de Menton.
Un camion avait été disposé en travers de la route par les forces de l’ordre pour empêcher tout accès. Maxime Nicolle, prenant acte de ce qu’il considère comme une entrave à la liberté de circuler, a affirmé qu’il ferait constater la situation par un huissier. Il a également annoncé qu’il déposerait plainte contre les forces de l’ordre avant de quitter Menton vers 16 heures. Nombre de « gilets jaunes », partis de Nice, n’ont pu assister à ce moment. Certains ont passé plusieurs heures dans les bouchons. Le capharnaüm routier a duré tout l’aprèsmidi dans la cité du citron. Certains ne cachaient par leur colère face à l’immense chaos auquel ils ont été confrontés. Selon la préfecture des Alpes-Maritimes, cinq interpellations ont été menées dans la journée. Aucun incident n’a été signalé lors de cet « Acte XIII ».
1. Il avait notamment déclaré, après avoir remis en cause le caractère « terroriste » de l’attentat de Nice : « Si le fait de ne pas avoir de preuve, ça ne me donne pas confiance et que c’est ça être complotiste, dans ces cas-là, oui, je suis complotiste parce que je n’ai aucune confiance en ce que je ne vois pas. »