Scène 55 : taux de remplissage à 98 %
René Corbier, directeur artistique de la salle de spectacle mouginoise, précise l’esprit de sa programmation, alors que la fréquentation est en forte hausse cette saison
Il a le sourire René Corbier. Si ce n’était son humilité, il monterait presque sur scène pour clamer la réussite de Scène 55, pour sa deuxième saison en cours. « On a bien trouvé notre place ! », se réjouit le directeur artistique de la salle de spectacles. qui affiche un taux de remplissage de 95 % depuis le début d’année, et une hausse des ventes de billets de 20 % par rapport à la saison dernière. « On avait déjà accueilli 15 000 spectateurs pour la première saison, là, on devrait finir à 20 000 ».
Pas de grosse tête pour autant, mais le gros nez de Cyrano affichait encore complet mardi dernier. « Pourtant, après avoir déjà vu Depardieu ou Weber dans le rôle, on ne pouvait pas proposer n’importe qui. Mais je suis allé assister à la première de la Compagnie La jeunesse Aimable au théâtre Suresne, un peu en marche arrière je l’avoue, et en dix petites minutes, j’ai été séduit ! ». Pari gagné, grâce à une curiosité intacte, et une capacité d’émerveillement inérodable. Malgré la concurrence objective du théâtre de Grasse, du palais des Festivals ou d’Anthéa, Scène 55 et son « jardin japonais » prennent donc du relief dans le paysage culturel local. Décryptage de l’esprit et des coups de coeur à venir avec le « marionnettiste » de la programmation.
Au vu des chiffres de la deuxième saison, vous avez réussi à fidéliser un public ?
On a % d’abonnements, % de pleins tarifs et % de tarifs jeunes. On a voulu proposer des abonnements simplissimes, pour trois, six ou neuf spectacles. Et si un abonné veut assister à un spectacle supplémentaire, il garde son tarif abonnement. Chez nous, il n’était pas question de remplir à tout prix avec des abonnements contraignants qui obligent à certains spectacles, le choix et le désir du spectateur priment, même s’ils nous font visiblement confiance sur la programmation.
Elle s’articule sur quelles grandes lignes à Scène ?
Je défends une palette la plus large possible, un éclectisme qui correspond aux attentes locales, mais avec une dominante danse et marionnettes. Pourquoi les marionnettes ? C’est une discipline qui existait à Mougins avant mon arrivée récente, un art complet qui utilise le jeu dramatique, les costumes, le décor, la musique, le texte… et il est parfois plus facile de s’identifier à une marionnette qu’à un comédien. J’avais déjà créé un festival de marionnettes dans les années , et lorsqu’il a fallu trouver notre spécificité, le maire Richard Galy s’en est souvenu.
D’où vient votre amour personnel pour ces personnages-objets ?
Avec ma femme, je me suis retrouvé un jour à Paris un week-end du août, où il ne jouait pas grand-chose. Je suis allé voir Don Juan en marionnettes en n’y croyant pas trop, mais j’ai tété estomaqué ! C’était deux personnages en plexiglas sur un échiquier, magnifiques. Ensuite, je me suis rendu au festival de CharlevilleMezières ; la référence en France, et j’ai constaté qu’il y avait des files d’attente de deux heures, avec adultes, pour les représentations. D’où mon implication, même si ça reste difficile de convaincre le public adulte que ce n’est pas que guignol, ni réservé à l’enfance.
Un conseil pour eux ?
Il faut voir Milieu, la vie des formes (samedi mars), d’une beauté à couper el souffle. Et pour les enfants, je recommande Les yeux de Taqqi, un conte inuit à voir partir de ans ( mars).
Les autres disciplines ?
Notre plateau est idéal pour la danse, on programme du cirque avec de l’humain, un peu artisanal, et on veut du théâtre à la fois distractif et éducatif.