Nice-Matin (Cannes)

Rendre nos villes plus humaines

- Dossier : Sophie CASALS et Guillaume AUBERTIN scasals@nicematin.fr et gaubertin@nicematin.fr

Redynamise­r les centres-villes, créer des lieux de vie en misant sur la verdure et les commerces de proximité, pour retrouver le temps de vivre et d’échanger… Des solutions existent pour rendre nos villes moins stressante­s et surtout plus agréables à vivre

Un habitant sur deux vit aujourd’hui en ville. Et à l’horizon 2030, près de 75 % de la population sera urbaine. Une évolution qui pose des défis majeurs : comment faire face aux flux de déplacemen­ts ? Quelles solutions pour endiguer la pollution et le bruit ? Et surtout, comment vivre de manière sereine dans un monde hyperconne­cté qui va de plus en plus vite ?

La question peut paraître un tantinet philosophi­que. Elle est pourtant au coeur des réflexions engagées par de nombreuses municipali­tés.

Vitrines vides, rideaux baissés

Ce n’est pas un hasard si le métier de manager de centrevill­e fleurit un peu partout en France. Comme l’explique Christophe Baraston, délégué général du Club des managers de centre-ville, « de nombreuses municipali­tés (comme Cagnes-sur-mer) ont désormais recours à ces postes pour développer leur coeur de ville ». Car c’est bien là que, souvent, le bât blesse.

Journalist­e et écrivain, auteur de Comment la France a tué ses villes, Olivier Razemon a fait le tour des principale­s villes moyennes de France. Vitrines vides, rideaux baissés, façades défraîchie­s… Partout où il est passé, il a observé le même phénomène.

Pour comprendre ce qui a conduit à cette « dévitalisa­tion urbaine », il invite notamment à regarder du côté de la grande distributi­on.

« On continue à construire des zones commercial­es en périphérie dans des proportion­s qui n’ont rien à voir avec la demande », déplore-t-il. Or, cette tendance participe aussi, selon lui, à la « paupérisat­ion générale des centres-villes ». Professeur associé à l’Institut d’urbanisme de l’université d’Aix-Marseille, Michel Chiappero partage ce constat. Lui aussi fustige cette « dispersion de l’attractivi­té commercial­e », dont « les élus sont en partie responsabl­es ». «Aujourd’hui, regrette-t-il, tout le monde est dans l’urgence, dans le tout voiture, sans prendre le temps de vivre réellement… »

« Ralentir la ville »

Sébastien Passel, géographe, suggère de rendre la ville aux piétons. « Le rapport à l’espace est complèteme­nt différent quand on marche : ça permet aux habitants de se rencontrer, de flâner, de contempler et ainsi de se réappropri­er leur espace de vie. » Et le géographe de développer : « C’est important de favoriser ces lieux “apaisés ”, où l’on ralentit la ville. » Des villes ont d’ailleurs choisi de lever le pied. De mettre le bien-être de leurs habitants au coeur de leur projet. C’est le cas de Bra, à 50 km au sud de Turin, ville pionnière du réseau des « Citta slow » qui compte près de deux cents cités un peu partout dans le monde (lire pages 4 et 5). Redynamise­r le centre sans l’asphyxier pour autant. L’équation n’est pas évidente à résoudre. Certaines municipali­tés proposent donc de multiplier les lieux de conviviali­té, avec de la verdure et des bancs publics.

« Une ville, résume Olivier Razemon, ce n’est pas que des bâtiments, c’est avant tout des habitants, et ce sont eux qui font la ville. »

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Photos : Sébastien BOTELLA, Philippe BERTINI, FRANTZ BOUTON, J.-S. GINO-ANTOMARCHI
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