Plus de « gilets jaunes » ont manifesté pour l’acte XIII
Après presque trois mois de contestation, près de 51 400 manifestants étaient présents hier en France, une mobilisation une nouvelle fois marquée par des incidents
Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur hier soir, contestés par les manifestants, 51 400 personnes au total se sont mobilisées dans l'Hexagone, dont 4 000 à Paris. Selon un bilan non définitif du « nombre jaune », un comptage fait par les « gilets jaunes » et publié sur la page Facebook, il y avait 111 010 manifestants en France hier à 18 heures. La mobilisation diminue globalement chaque samedi depuis mi-janvier, selon les chiffres de Beauvau : le 19 janvier, le nombre de « gilets jaunes » atteignait 84 000, ils étaient 69 000 le 26 janvier puis 58 600 le 2 février.
Une main arrachée
Dans la capitale, des incidents ont éclaté à l'arrivée du cortège devant l'Assemblée nationale, où un manifestant âgé d'une trentaine d'années a eu une main arrachée. Selon la préfecture de police, il a eu « quatre doigts arrachés ».
La cause et les circonstances de la blessure restent incertaines. Selon un témoin interrogé, il s'agit d'une « grenade de désencerclement », lancée par les forces de l'ordre et que le trentenaire a voulu repousser d'un « coup de main », alors que des manifestants tentaient d'enfoncer les palissades protégeant l'Assemblée. Des incidents ont eu lieu sur le parcours de la manifestation, qui est arrivée vers 16 h 30 près de la Tour Eiffel, dans une ambiance tendue, et s'est terminée avant 20 heures après dispersion par les forces de l'ordre, qui restaient présentes, comme chaque samedi, sur le Champs-Elysées. Du mobilier urbain et des distributeurs de banques ont été cassés, une dizaine de véhicules incendiée, principalement des voitures de luxe, mais aussi une voiture de la mission antiterroriste militaire Sentinelle (photo ci-contre).
Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a dénoncé sur Twitter des « attaques intolérables » et exprimé son « indignation et dégoût ». À 20 heures, la préfecture de police comptait 39 interpellations à Paris. Il y avait 21 personnes en garde à vue, selon le parquet de Paris. Mais pour Myriam Oudin, une garde d'enfants de 42 ans, « ça n'aurait pas de sens de s'arrêter maintenant ». « On est convaincus que grâce aux “gilets jaunes ”, le monde va changer », a confié cette femme coiffée d'un bonnet phrygien découpé dans un gilet jaune.
À Toulouse et à Bordeaux, des villes où la mobilisation a été très forte et marquée par des heurts plusieurs samedis d'affilée, 6 000 et 5 000 « gilets jaunes » ont manifesté, selon une source policière.
■ Entre espoir et division
À Lyon, ils étaient aussi plusieurs milliers dans les rues. À Dijon, autre place forte du mouvement, le cortège s'est élancé aux cris de «Macron démission ». Au moins 2 000 personnes ont défilé à Lorient. Caen, Lille, Metz, Montpellier : là aussi, les « gilets jaunes » ont poursuivi la mobilisation.
Le mouvement apparaît cependant toujours très fragmenté. D'un côté, certains souhaitent faire prospérer la colère sociale, quitte à remiser leur méfiance des syndicats, pour manifester avec la CGT.
De l'autre, beaucoup veulent éviter toute récupération politique, au moment où Rome multiplie les encouragements au mouvement, dans la perspective des élections européennes.