Nice-Matin (Cannes)

Les plus touchés sont les plus âgés

Armez-vous de patience en attendant la visite d’un médecin, mais ne vous ruez pas aux Urgences. En pleine épidémie de grippe et autres virus, le cri d’alarme des profession­nels

- Textes : NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Le nombre d’appels au 15, régulés par les médecins libéraux a doublé. Dès que les gens ont 39 °C de fièvre, ils appellent le 15. Et c’est comme ça depuis 10 jours… » Responsabl­e des médecins régulateur­s libéraux au Samu 06, le Dr Luc Terramorsi, comme ses confrères, appelle les personnes avec lesquelles il s’entretient au téléphone à la patience. «On les incite à rester chez eux, en les informant qu’un médecin d’une structure SOS va venir les voir à domicile… Mais, ce qu’il se produit le plus souvent, c’est que lassés d’attendre des heures (jusqu’à 8 heures parfois), les patients – ou leurs familles lorsqu’il s’agit de personnes âgées – se rendent dans les services d’Urgences. Parce qu’ils ont 39 °C de fièvre, mal aux bras, aux jambes, certains pensent qu’ils sont en danger de mort!»

C’est ainsi qu’on voit converger vers les hôpitaux tous les porteurs de grippe et autres virus nombreux à circuler en cette période ; arrivés sur place, ils vont devoir patienter encore plusieurs heures, avant d’être pris en charge. « Pour les plus âgés, le temps passé couché sur un brancard, immobile, pendant des heures, peut aggraver encore l’état de santé. »

Le  plutôt que le généralist­e !

Pas question pour le Dr Terramorsi de nier la nécessité de consulter ou au moins d’appeler le 15. « Mais, il faut faire confiance au médecin. Il est capable d’évaluer la situation et l’urgence de la prise en charge. S’il envoie un médecin de SOS, il est conseillé au malade d’attendre sa venue. Ce médecin pourra évaluer la nécessité ou pas d’une hospitalis­ation, et si c’est le cas, éviter dans la mesure du possible que le patient ne transite par les Urgences. » Si la situation n’a rien d’inédit, le Dr Terramorsi se dit frappé par un phénomène assez nouveau et pour le moins surprenant. «Plus de 50% des personnes qui appellent le 15 n’ont même pas tenté au préalable de joindre leur médecin traitant : aujourd’hui, quand on a 39 °C, c’est le 15, le médecin de garde ou les Urgences auxquels on pense. » Un réflexe nouveau qui accompagne la chute très forte des visites à domicile – les généralist­es en effectuaie­nt 77 millions par an dans les années 2000, seulement 23,3 millions aujourd’hui. Et auquel la mutation de l’exercice libéral n’est pas non plus étrangère : les généralist­es consultent de plus en plus sur rendezvous et ont des créneaux limités pour les petites urgences.

« Mais, les gens essaient aussi de ne plus se déplacer , regrette le médecin régulateur. Lorsqu’il s’agit de personnes

de 85 ou 90 ans, c’est tout à fait normal… Ça l’est moins lorsqu’on a 30 ans ! Rien n’empêche, même si on a de la fièvre de consulter son médecin. »

Alors que l’épidémie de grippe est encore dans sa phase ascendante, aggravée par un vaccin qui cette année se révèle peu, voire pas efficace, quelques conseils de bon sens méritent d’être répétés : « Quand on est malade, on évite de se rendre au travail, pour ne pas contaminer ses collègues. Et chez soi on porte un masque pour protéger ses proches. Faut-il le rappeler : le virus s’attrape en respirant. »

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 ?? (DR) ?? « La grippe est arrivée plus tard que les autres années, le vaccin est peu efficace, voire pas du tout. L’épidémie de gastro-entérite a certes faibli mais elle n’est pas terminée. Tout contribue à la situation de tension », alerte le Dr Terramorsi, ici à la régulation libérale du Samu .
(DR) « La grippe est arrivée plus tard que les autres années, le vaccin est peu efficace, voire pas du tout. L’épidémie de gastro-entérite a certes faibli mais elle n’est pas terminée. Tout contribue à la situation de tension », alerte le Dr Terramorsi, ici à la régulation libérale du Samu .

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