Nice-Matin (Cannes)

Aschieri : son “oui si” pour 

Le maire de Mouans-Sartoux dément les rumeurs de tension dans sa majorité et se positionne pour 2020

- Entretien : Eric FAREL efarel@nicematin.fr Photo : Patrice LAPOIRIE

Il se dit qu’à Mouans-Sartoux, la majorité se fait un peu la gueule. Il se dit qu’à Mouans-Sartoux, les relations sont tendues entre le maire et « Malou » Gourdon, l’une de ses emblématiq­ues adjointes. Il se dit, il se dit... Mais quelle est la part de vérité dans tout cela ? Réponses à ces allégation­s – et à d’autres – avec Pierre Aschieri, qui rectifie le tir.

Plusieurs membres de votre majorité ont voté contre l’une de vos délibérati­ons sur le parking du Château au dernier conseil. D’aucuns y voient le signe avantcoure­ur d’une crise municipale...

Bien sûr que non. Des tensions dans la majorité, il n’y en a pas plus aujourd’hui qu’il n’y en a eu par le passé. Ce n’est pas la première fois que des membres de la majorité s’affrontent sur des projets structuran­ts. Sur ce plan-là, rien n’a changé à Mouans-Sartoux.

Généraleme­nt, des votes négatifs traduisent quand même des soucis internes, comme on l’a vu à Mougins récemment...

Chez nous, il n’y a pas de consignes de vote. Tout le monde s’exprime : cela a déjà été le cas dans ce mandat ; cela l’a été aussi à plusieurs reprises dans les mandats précédents.

Mais Christian Rouvier, un adjoint « historique » qui avait procuratio­n de votre père, a lui aussi voté contre. Que doit-on en déduire ?

Il a fait une mise au point, disant qu’il parlait en son nom, pas au nom de mon

‘‘ père. Il est heureux qu’il l’ait précisé d’ailleurs, parce que pour le coup, cela aurait été désobligea­nt. Ce parking, dont on parle depuis  ans, c’est le dernier projet pour lequel mon père s’est battu. Sa réalisatio­n lui tenait particuliè­rement à coeur et il aurait été déplacé de le faire voter contre. Mais ça n’a pas été le cas.

Pourquoi ce projet suscite-t-il autant de tensions, y compris au niveau de la communauté d’agglo ?

Vu de l’agglo, c’est un projet mouansois qui est une espèce de compensati­on par rapport à tout ce qu’apporte la commune, sur le plan des recettes fiscales. Et il avait été trouvé, dans la précédente mandature, un accord stipulant que la communauté d’agglomérat­ion (à l’époque, Pôle Azur Provence, Ndlr) participer­ait à la réalisatio­n d’un équipement, en l’occurrence le parking du Château. Le nouveau conseil communauta­ire (la CAPG, Ndlr) n’a pas perçu les choses comme cela. Certains élus se sont élevés contre, disant qu’il s’agissait d’un projet mouanso-mouansois et que l’agglo n’avait donc pas à le financer. Pour éviter que le bureau des maires se fracture sur ce sujet très clivant, le président, Jérôme Viaud, m’a demandé de faire un effort à travers un « fonds de concours » (de   euros, Ndlr), objet de la délibérati­on évoquée plus haut.

Et les Mouansois, qu’en pensentils ?

On avait annoncé que ce projet serait financé à  % par l’agglo et les subvention­s. Finalement, le fait que la commune apporte son concours financier était assez facile à critiquer. Après, en faisant le film à l’envers, si on nous avait dit dès le départ que l’on contribuer­ait à hauteur de  %, je pense que tout le monde aurait signé. Tout cela fait partie des aléas de la vie politique : on fait des projets, on part sur des perspectiv­es de financemen­t que l’on réajuste par la suite.

Mais cet équipement a-t-il vraiment une utilité ?

Il est intéressan­t à plus d’un titre : d’abord, parce qu’il sera un élément structuran­t de la mobilité, au sens large, sur le territoire de la communauté d’agglomérat­ion. Ensuite, il permettra de doubler la capacité de stationnem­ent dans le centre-vlle de Mouans-Sartoux. Enfin, il permettra de restructur­er l’entrée de ville côté Grasse en faisant disparaîtr­e les voitures au bénéfice d’un espace végétalisé.

On dit de vous que vous êtes moins dans la concertati­on que votre père. Vrai ou faux ?

Peut-être est-ce l’opposition qui manque de proximité avec Mouans-Sartoux. Je pense que c’est plus ainsi qu’il faut voir les choses. Soyons sérieux : on fait des réunions de concertati­on quasiment toutes les semaines et je n’ai plus le compte des réunions de quartiers. Cette critique-là est sans objet. On peut me reprocher beaucoup de choses, mais pas sur la proximité. Ma porte est ouverte, je suis à toutes les manifestat­ions, à toutes les assemblées générales, ce qui n’est pas le cas de tout le monde. Nous, le débat, on le fait tous les jours.

On vous reproche aussi de trop densifier la ville...

Je me positionne comme l’ensemble des élus qui sont contraints de se plier aux exigences de la loi et qui sont également obligés de satisfaire aux besoins d’une partie de la population. Cela aussi, c’est un faux débat. La loi oblige et contraint fortement : si on ne suit pas ses prescripti­ons, non seulement on est pénalisé, mais en plus l’État se substitue à nous. D’autre part, il faut aussi satisfaire les demandes – j’en reçois toutes les semaines – et les sollicitat­ions pour des logements parce que le prix de l’immobilier, ici, est trop élevé.

C’est l’une des raisons qui fait que Mouans-Sartoux n’a pas vu sa population augmenter ces dernières années ?

On est passé de   habitants en  à   aujourd’hui. Cela n’est pas vraiment un problème mais il ne faudrait pas que le phénomène s’accentue. La pyramide des âges révèle un creux très prononcé : les jeunes qui entrent dans la vie active n’ayant pas les moyens de se loger chez nous s’exilent ailleurs et reviennent plus tard, lorsqu’ils ont suffisamme­nt de pouvoir d’achat pour procéder à l’acquisitio­n d’un bien.

La densificat­ion à MouansSart­oux concerne surtout le centre-ville ?

L’orientatio­n prise est de mettre le logement collectif à proximité des équipement­s et des axes de transports pour éviter la dispersion de l’habitat, l’augmentati­on des déplacemen­ts en voiture et le grignotage de l’espace naturel. En habitant le centre-ville à MouansSart­oux, on peut tout faire à pied. C’est donc une démarche écologique que de recentrer la population, mais cela reste un point de vue critiquabl­e. On peut envisager de faire de l’habitat dispersé et de créer une grande banlieue. Ce n’est pas l’option que l’on a retenue...

Votre commune a porté plainte contre le groupe Total. Quelle est l’histoire ?

Dans cette démarche, nous avons été sollicités par les Eco-maires (Associatio­n nationale et internatio­nale des maires et des élus locaux pour le développem­ent durable, Ndlr) .On s’est associé avec d’autres villes contre Total qui ne respecte pas ses engagement­s en termes de réduction de gaz à effet de serre. Cette action s’inscrit un peu dans le même registre que la pétition contre le gouverneme­nt, initiée par la fondation pour la nature et l’Homme de Nicolas Hulot.

Avez-vous réfléchi à l’échéance de  et à votre éventuelle candidatur­e ?

Si mes amis du conseil municipal ainsi qu’une partie de la population que je croise régulièrem­ent, pensent que je suis la bonne personne, je continuera­i.

Vous pensez donc que vous faites l’affaire ?

Les gens avec qui je parle sont plutôt sympathiqu­es avec moi. J’aurais donc plutôt tendance à penser que oui.

La fonction vous plaît ?

Il y a des aspects très intéressan­ts, d’autres décevants voire frustrants : le manque de marge financière, réglementa­ire et autre. Une grande partie de ce qu’a réalisé mon père par le passé ne serait plus faisable aujourd’hui en raison de ces contrainte­s.

Et malgré tout, vous seriez tenté par un nouveau mandat ?

Oui, bien sûr. Mais j’aurais aimé être là trente ans en arrière...

Vous auriez fait les mêmes choses que votre père ?«

Dans les grandes lignes, oui. Il a été visionnair­e et l’on s’aperçoit que les orientatio­ns qu’il avait prises voici  ans sont complèteme­nt d’actualité, comme la régie des eaux. Pouvoir conserver la maîtrise de ce service est une vraie richesse. En termes d’urbanisati­on, il a eu une vraie vision de l’aménagemen­t du territoire, de la politique et du devenir de cette ville qui avait la vocation de devenir la banlieue de Cannes et de Grasse. La destinée de Mouans-Sartoux était celle d’une ville-dortoir. Or, c’est devenu l’inverse : les gens viennent chez nous pour l’activité. En somme, mon père a inversé le sens de l’histoire.

Le nouveau complexe cinématogr­aphique de Cannes ne va-t-il pas faire ombrage à La Strada ?

Oui. Beaucoup de Cannois viennent à MouansSart­oux aujourd’hui, et l’on s’attend donc à une baisse de fréquentat­ion. Grasse et Mougins ont aussi des projets de cinémas. C’est normal. Cela fait partie des évolutions naturelles.

Ici, il n’y a pas de consignes de vote ”

‘‘ J’ai tendance à penser que je fais l’affaire ”

Vous vous entendez bien avec tous vos voisins ?

On a normalisé nos relations.

Y compris avec les Tabarot ?

Je dirais même que j’ai d’excellente­s relations avec Philippe qui nous a bien aidés pour le parking du Château au niveau des subvention­s de la Région et des fonds européens. Et je n’ai pas de problème à le dire publiqueme­nt.

Vous organisez un Grand débat ?

Oui. Cela a du sens. Les occasions où l’on peut élever le débat sur le plan national sont rares et un petit groupe de citoyens m’a même sollicité pour disposer d’un espace de partage et d’échanges. On va essayer de définir les contours pour que cela puisse perdurer.

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