Josette Bezzone évoque sa jeunesse rurale
Josette Bezzone, fille d’un berger du Haut-Pays évoque sa jeunesse rurale. Que connaîton vraiment de la vie des habitants d’autrefois, au coeur des villages et des hameaux du pays grassois ? On ne parle souvent que de la Côte d’Azur, cette étroite bande littorale dominée par des collines et des montagnes lointaines que la plupart des touristes ignorent ou côtoient pour parvenir aux pistes de ski.
Ces villages ont abrité des populations qui y ont peiné pour survivre pendant des générations. Dans ces lieux difficiles d’accès, la vie n’a pratiquement pas évolué jusqu’à la fin du second conflit mondial. Josette Bezzone, née à Grasse en 1947, au centre hospitalier du PetitParis, évoque sa jeunesse passée dans l’arrière-pays, entre son père Gaston, un berger de Gourdon et Mathilde, sa maman qui, à l’image des autres femmes de l’époque, reste au foyer pour se consacrer à sa famille, n’hésitant pas à participer aux travaux des champs, aux diverses cueillettes et récoltes qui requièrent alors un surcroît de main-d’oeuvre.
La petite fille s’occupe de son petit frère Henri, dont elle est toujours très proche.
« Sur la place Victoria, venaient plusieurs marchands ambulants qui nous approvisionnaient en denrées principales. On achetait du pain et divers produits vendus par l’épicier. »
À l’époque, ces commerçants qui sillonnent la campagne et la montagne forment un lien entre les différents villages. Ils donnent des nouvelles, transmettent des informations, faisant office de relais entre les habitants des différents lieux visités et desservis.
La place du village transformée en cour de récréation
Josette fréquente l’école du village, devenue depuis le bureau de l’office du tourisme.
« Notre cour de récréation était sans doute la plus belle du monde. Nous jouions alors sur la place du point de vue, surveillés par notre institutrice, dont j’ai gardé un bon souvenir. »
Le jeudi, Josette et ses camarades s’amusent sur le grand pré, effectuent des glissades, construisent des cabanes. Elles ramassent aussi la lavande sauvage et surtout des genêts qui serviront à alimenter le poêle de la classe. « À la place du parking, se trouvait l’aire de battage du blé, à proximité de la petite chapelle. »
Gaston est un berger dynamique qui exploite aussi quelques terres où il cultive des carottes, des pommes de terre ensuite acheminées vers Nice. Josette prend plaisir à se mêler au troupeau de moutons, aux alentours du village, le long de la route qui mène à Caussols. Et de se souvenir du biberon en verre destiné à son frère, qui s’était malencontreusement brisé. Par bonheur, le lait d’une des chèvres du cheptel avait pu assouvir la faim du bambin !
Après sa scolarité, la jeune fille travaille au restaurant la Réserve, sise au Pont-du-Loup où son frère est serveur.
Une passion pour les animaux
Elle intègre ensuite la brigade de cuisine du collège Saint-Hilaire avant de devenir vendeuse à l’épicerie de Châteauneuf.
« J’ai toujours aimé les contacts et la convivialité. Dans les villages, on connaît presque tous les habitants et c’est agréable de se retrouver chaque jour. Les courses deviennent un moment de détente. » C’est dans cette commune que la jeune femme rencontre son futur mari, Émile, dont les parents tiennent l’épicerie, lieu incontournable de la commune de l’époque. Aujourd’hui, les deux époux vivent toujours à Châteauneuf, sur les restanques, au milieu des oliviers, non loin de leur fille Véronique.
« Nos petites filles Eloïse et Jeanne qui font des études nous manquent, mais elles viennent régulièrement nous voir. » Tandis que son époux, premier adjoint du village, vaque à ses nombreuses occupations, Josette s’occupe de son jardin et de ses animaux. Deux chats, quarante-cinq canaris et des tortues agrémentent le quotidien de cette fille de berger, qui à l’image de Manon des Sources, l’héroïne du roman de Marcel Pagnol, privilégie la nature.