« Plus de % des patients accueillis aux Urgences ont plus de ans »
Comme c’est le cas chaque année, les personnes âgées sont particulièrement nombreuses parmi les patients accueillis aux Urgences du CHU de Nice, victimes d’infections diverses parmi lesquelles la grippe. Le Dr Pierre-Marie Tardieux, référent grippe, est aussi responsable de l’équipe mobile de gérontologie et de la polyclinique des Urgences au CHU de Nice.
Quelle est la situation aux Urgences du CHU de Nice ?
La situation est tendue, l’hôpital est en tension, avec toujours la même problématique de l’aval : il faut trouver des lits pour les personnes qui relèvent d’une hospitalisation.
Problème d’organisation ?
On ne peut pas dire ça. On avait bien anticipé, des lits ont été ouverts, la cellule de crise, composée de médecins, cadres et infirmiers, a été activée et elle fait le point trois fois par jour… On a même déprogrammé des entrées pour pouvoir hospitaliser des patients en urgence.
Comment faut-il dès lors comprendre cette situation de tension ? C’est la sévérité de l’épidémie de grippe qui en cause ?
Ce n’est pas tant la grippe qui est responsable – l’épidémie est à l’heure actuelle moins importante que les deux années précédentes – qu’un phénomène démographique que l’on avait prévu. La population née entre les deux guerres, âgée de à ans, atteint son pic. Si une majorité vit à domicile et se trouve en relative bonne santé, à % des plus de ans sont polypathologiques et/ou dépendants. Une infection, quelle qu’elle soit, revêt chez ces personnes un caractère de gravité ; plus de la moitié des patients âgés va ainsi devoir être hospitalisée suite au passage aux Urgences. Et en dépit des efforts qui ont été faits, de la présence renforcée de médecins, de soignants, il est difficile d’absorber cet afflux croissant et permanent, nuit comme jour : plus de % des patients accueillis aux Urgences ont plus de ans. Et on devrait revivre la même situation dans les années à venir.
Les services d’urgences sont-ils adaptés à ces évolutions ?
En dépit de ce qui est décrit, je crois que l’on n’a jamais eu d’Urgences aussi performantes en termes d’accès, de soins, etc.
Quelles solutions ?
La situation est très complexe. Les gens veulent être soignés très rapidement, il y a le problème de permanence des soins, accru pendant la période des vacances, de plus en plus de personnes se présentent directement aux Urgences… La demande est telle qu’il faudrait multiplier par deux l’accueil dans les hôpitaux. L’État en a-t-il les moyens ?
Concernant plus précisément les populations âgées, où faudrait-il selon vous porter les efforts ?
Il y a un très gros travail à mener au niveau des EHPAD ; il faudrait davantage médicaliser ces structures, en développant la capacité d’assurer des soins aigus permettant d’éviter des hospitalisations.